mardi 21 juin 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #84 - BEETLEJUICE

Réalisé par Tim Burton - Sortie US le 30 mars 1988.
Scénario : Michael McDowell, Warren Skaaren.
Musique : Danny Elfman.
Directeur de la photographie : Thomas E. Ackerman.
Avec Geena David (Barbara Maitland), Alec Baldwin (Adam Maitland), Michael Keaton (Beetljuice), Winona Ryder (Lydia Deetz), Catherine O'Hara (Delia Deetz), Jeffrey Jones (Charles Deetz), Glenn Shadix (Otho), Sylvia Sidney (Juno), ...
Durée : 92 mn.
Un jeune couple, les Maitland, meurt dans un accident de voiture. Ce qui n'est qu'un instant pour eux correspond à plusieurs mois dans le monde des vivants et c'est alors qu'ils voient les Deetz, une riche et insupportable famille de snob new-yorkais, racheter leur maison pour s'y installer. Mais la cohabition n'est pas du goût de tous, ...

"You can't scare her ... she's sleeping with Prince Valium tonight."


Après un premier long-métrage aussi sympathique qu'anecdotique (PEE WEE'S BIG ADVENTURE), le style du cinéaste Tim Burton éclate en toute liberté avec BEETLEJUICE, foisonnante comédie horrifique qui plaide pour la réconciliation entre les morts et les vivants avec originalité.


Sur la base d'un scénario impeccable, celui que l'on appelle pas encore le génie de Burbank impose son univers et ses codes graphiques, mélange de gothique, de macabre et d'expressionnisme. Sa vision d'un au-delà fait de bric et de broc, baignant dans une lumière verte et croulant sous la paperasse et l'humour noir ne ressemble à rien de connu. A travers ces séquences où les Maitland, couple bien gentil et "bien crétin" (dixit Beetlejuice), visitent le monde des morts, Tim Burton révèle sa fascination pour cet univers chaotique et parfois inquiétant (le serpent de sable, les âmes en peine flottant dans le néant pour l'éternité) qu'il oppose au cynisme de la famille Deetz et de leurs fréquentations douteuses. Si il exploite totalement le potentiel des personnages qu'il met en scène, Burton indique clairement sa préférence pour Lydia et Beetlejuice. Deux personnages qui évoluent en marge de leur monde. Morbide, mélodramatique, révoltée, Lydia envie le sort des fantômes et ne cache pas sa fascination pour l'étrange. Beetlejuice, lui, est un anticonformiste, un baratineur et un obsédé qui n'a que faire des innombrables règles qui régissent l'au-delà. Il n'est pas étonnant, dès lors, que le climax du film tourne autour du mariage (forcé) de ces deux personnages. L'association impossible de deux mondes.


BEETLEJUICE, c'est aussi l'occasion pour Tim Burton de consolider l'équipe qui l'accompagnera pendant toute la première partie de sa carrière (et même au-delà pour certains). Winona Ryder s'y forge une image de lolita gothique avant de devenir l'émouvante princesse (de banlieue) d'EDWARD AUX MAINS D'ARGENT. Michael Keaton impressionne par son charisme électrique et son regard intimidant qui lui valent de décrocher le rôle très convoité de Bruce Wayne et de son alter-ego masqué des deux BATMAN à venir. Catherine O'Hara, Jeffrey Jones, Glenn Shadix et Sylvia Sidney croiseront tous à nouveau la route de Burton dans, respectivement, L'ETRANGE NOËL DE MR. JACK, ED WOOD, LA PLANETE DES SINGES et MARS ATTACKS ! Mais le collaborateur le plus précieux se nomme Danny Elfman. Déjà à l'œuvre sur PEE WEE'S BIG ADVENTURE, il marque ici durablement les esprits avec un thème musical endiablé (oui, je fais de l'humour aussi !) et des sonorités (choeurs féminins, violons à la Bernard Hermann) qui deviendront la marque de fabrique du fantastique Burtonien. Enfin, le succès du film permet à Warner Bros de renouveler sa confiance à Tim Burton et le studio va devenir un des partenaires récurrents du cinéaste.


La tonalité (politiquement incorrecte) de BEETLEJUICE où se fait évidente la préférence de Tim Burton pour les freaks, les incompris et les fauteurs de trouble offre une seconde jeunesse à la comédie fantastique et génère un style qui, pour le pire comme pour le meilleur, sera copié à outrance dans les années qui suivront. A star is born, en quelque sorte !

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