En tournant mon regard vers le sud est au petit matin, la colonne de fumée m'est apparue dans toute son immensité. Bien que la magie des Sorcières et leur maîtrise des éléments protègent le campement, le vent n'est pa retombé pour autant. L'incendie allumé par Paul a continué de faire rage toute la nuit.
Je me suis préparé pour ma mission. J'ai abandonné les armes à feu qui me restait pour un simple couteau et mon sac s'en est retrouvé considérablement allégé. J'ai ensuite rejoint les Sorcières et elles ont ouvert un couloir pour moi. Un couloir à travers les flammes. Avant de m(y engouffrer, j'ai lancé un regard en arrière. Un regard vers Luc et son petit clan. La peur pouvait se lire dans leur regard.
J'ai marché de longues heures dans la forêt, pris dans la fournaise, crevant de chaleur mais pourtant à l'abri du danger des flammes. Je suis finalement arrivé à la colline sur laquelle s'élève le gîte. Une île au milieu d'un océan de feu. J'ai sorti le couteau et, après un temps d'arrêt, j'ai repris ma marche, couvrant le dernier kilomètre d'un pas résolu.
Paul avait rassemblé les enfants la petite cour entre les deux bâtisses du gîte. Sauf Rachel, qu'il gardait tout près de lui, un bras lui enserrant les épaules et un poignard pointé vers son ventre. Paul m'attendait. Mais un enfant manquait à l'appel. Le petit Thierry. Le petit fanatique.
Voyant la vie de Rachel et de l'enfant de Luc ainsi menacée, j'ai jeté mon couteau à terre, le plantant aux pieds de Paul et je me suis agenouillé devant lui, prêt à recevoir son châtiment. J'ai levé la tête vers le ciel, exposant mon cou à sa lame. Et il a mordu à l'hameçon. Il a lâché Rachel et s'est avancé vers moi, un sourire de dément sur les lèvres. Plusieurs choses se sont alors passées, très très vite. Paul a levé son bras pour frapper. Rachel a ramassé mon couteau qui se trouvait à ses pieds et s'est jeté sur Paul avec un cri. Paul s'est arrêté net dans son élan et j'ai saisi ma chance. Je me suis relevé et j'ai immobilisé ses bras. Dans le même temps, Rachel a planté mon couteau dans le cou de Paul, le blessant profondément sans le tuer. Paul s'est libéré sous la force du coup. Il m' a repoussé et a frappé Rachel qui est tombée au sol. J'ai assommé Paul d'une droite et il est tombé à son tour, inconscient, saignant abondamment. Alors, un autre cri a retentit. Celui de Thierry. Il se cachait au milieu des autres enfants. Il s'est précipité sur le corps de Paul. Il a vivement retiré le couteau du cou de celui-ci et s'est aussitôt mis à me menacer avec. Tenant Rachel dans mes bras, je n'ai pas fait le moindre geste. Thierry a fini par détourner son regard et a aidé Paul à se relever. Paul titubait, incapable de parler. Thierry l'a pris par la main, le guidant comme un chien guide un aveugle. Cette étrange paire s'est ensuite éloignée du gîte. Je n'ai compris que trop tard mais je n'ai rien fait pour les en empêcher. Paul et Thierry se sont précipités dans les flammes, disparaissant, dévorés en l'espace de quelques secondes. Ils ne reviendront plus jamais. Le temps des usurpateurs et des meurtriers est fini.
Avec Rachel, nous avons rassemblé les enfants et nous avons attendu. Un couloir s'est de nouveau formé, perçant le mur de flammes ett les Sorcières et Luc en sont sortis.Rachel et Luc se sont longuement embrassé puis les Sorcières ont fait signe qu'il était temps de repartir. Ils m'ont laissé là et sont partis sans un regard dans ma direction. Ma mission est terminée et les adieux ne servent à rien.
Au bout de longues minutes, le vent s'est mis à souffler de plus en plus fort et le ciel s'est couvert. Un orage a éclaté et la pluie est tombée à verse. A la tombée de la nuit, le feu était éteint dans la vallée et les cendres se sont mêlées à la pluie.
J'ai repris la route, me faufilant dans l'obscurité.
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