mercredi 15 juin 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #78 - PRINCESS BRIDE

Réalisé par Rob Reiner - Sortie US le 25 septembre 1987.
Scénario : William Goldman, d'après son livre. 
Musique : Mark Knopfler.
Directeur de la photographie : Adrian Biddle.
Avec Cary Elwes (Wesley / The Dread Pirate Roberts), Robin Wright (Buttercup), Mandy Patinkin (Inigo Montoya), Christopher Guest (Count Rugen), Andre The Giant (Fezzik), Wallace Shawn (Vizzini), Peter Falk (The Grandfather / Narrator), ...
Durée : 98 mn.
Malgré ses réticences, un petit garçon malade accepte d'écouter son grand-père lui lire une histoire. Il s'agit de l'histoire d'amour impossible entre le pauvre garçon de ferme Westley et Buttercup, une jeune femme incroyablement belle, ...


Rares sont les écrivains qui ont l'opportunité d'adapter eux-mêmes leur roman pour le grand écran. Mais il faut dire que William Goldman est loin d'être novice en la matière puisqu'il avait déjà adapté son roman MARATHON MAN pour le cinéma en 1976. Écrivain, scénariste et dramaturge au palmarès imposant (il a signé les scénarios de BUTCH CASSIDY ET LE KID et LES HOMMES DU PRESIDENT, tous deux récompensés par un oscar), a eu en plus la bonne idée de laisser son matériau entre les mains très capable du réalisateur Rob Reiner (STAND BY ME et THIS IS SPINAL TAP). Le résultat est un mélange parfaitement équilibré d'humour, de fantasy et de romance.


Malgré la (fausse) distance suggérée par l'emploi d'un narrateur et son dialogue malicieux avec son auditoire récalcitrant, PRINCESS BRIDE ne sert pas de l'humour pour parodier bêtement ou ridiculiser les contes de fée. C'est en fait le contraire. Utilisé judicieusement, l'humour sert ici à renforcer les liens entre un public forcément blasé (puisque parfaitement au courant des conventions ultra-balisées du genre) et une galerie de personnages aussi attachants que surprenants. Dialogues et situations invitent à embrasser des stéréotypes à la saveur inhabituelle. Le héros au coeur pur, la belle princesse, l'épéiste virtuose, le colosse, le comte perfide ou encore le magicien remplissent tous leur fonction habituelle mais avec un très léger décalage et une spontanéité qui les rend plus accessibles, plus proches de nous. L'osmose totale entre érudition et modernité.

"Yé m'appelle Inigo Montoya. Tou as toué mon père. Prépares-toi à mourir !"

La plus grande réussite de PRINCESS BRIDE tient dans son casting irréprochable et sa mise en scène d'une grande humilité. Passionné par la direction d'acteurs mais se sachant sans doute incapable de rivaliser avec un Steven Spielberg, un George Lucas ou un Ridley Scott en matière d'imagerie fantastique, Rob Reiner simplifie son décorum fantasy à l'extrême, privilégiant les décors naturels et des intérieurs purement fonctionnels. L'accent est mis sur les personnages et les situations et non sur la direction artistique. Des conditions idéales pour que les acteurs puissent s'épanouir avec talent. Si Mandy Patinkin se révèle un redoutable voleur de scènes, c'est le couple Cary Elwes/Robin Wright qui emporte le morceau dans le registre pourtant casse-gueule (parce que vite niais) de "l'Amour Véritable". 


En dépit du score un peu faiblard de Mark Knopfler (un très joli thème à la guitare entouré par des plages d'action synthétique carrément immondes), PRINCESS BRIDE supporte le poids des ans avec aplomb, chaque nouveau visionnage apportant son lot d'émotions sincères. Ce qui le prouve que le pari de William Goldman et Rob Reiner est relevé haut la main : démontrer par A + B que le conte de fée est une valeur sûre de l'imaginaire collectif.

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