jeudi 31 mars 2011

LE SURVIVANT - 31 MARS 2014

A la question : "Paris brûle t-il ?", il me semble que la réponse est oui. Et pas qu'un peu. J'ai quitté la ville juste à temps. Timing irréprochable, chers amis. Je me trouve actuellement à Juvisy sur Orge, à proximité de la route départementale 29. J'ai roulé jusqu'à la panne sèche. J'ai continué à pied jusqu'à ce que je trouve un refuge convenable. Un restaurant en l'occurrence.
Les flammes qui consument la capitale de notre belle république française sont visibles à des kilomètres à la ronde. Etrange spectacle. Si tant est que l'on puisse appeler ça un "spectacle".
Le premier kilomètre jusqu'à la porte d'Italie fut moins rude et dangereux que prévu. Au risque de me répéter, les zombies sont lents, très très lents. Il me semble que j'avais surestimé leurs capacités à me renverser de la bécane. Trop rapide pour une foule de cannibales nécrosés ! Bien sûr, je suis resté prudent mais, à une ou deux frayeurs près, j'ai pas eu trop de soucis. Le vrai problème est venu des barrages érigés par l'armée à hauteur du périphérique. Impossible de passer autrement qu'en mettant pied à terre et en déblayant les sacs de sables. A vitesse grand v. C'est à ces barrages également que se trouvaient les restes les plus "significatifs" d'un sacré gueuleton de zombie. Des flaques de sang séché partout, des os, des carcasses éventrées. J'aurais vraiment pas voulu être là au moment du carnage. Il m'a fallu trois heure  pour quitter Paris et atteindre le Kremlin-Bicêtre. Je ne me suis pas attardé sur place non plus. Assez pour siffler la moitié de ma bouteille d'eau. 
De là, j'ai suivi la nationale 7, jonchée d'épaves de voiture. J'ai dépassé l'aéroport d'Orly, puis j'ai quitté la nationale pour les petites routes. D'autres barrages de l'armée et de la gendarmerie entouraient l'aéroport réduit au silence. D'autres obstacles mortels qu'il a fallu contourner autant que possible. La plupart des zombies sur place portaient l'uniforme. Des gendarmes et des militaires. Déjà que je ne les ai jamais trouvé très intelligent de leur vivant. Les voir tourner en rond, le regard vide à la recherche de chair humaine m'a arraché un fou-rire. Le premier depuis un bout de temps. Comment peut-on rire dans une telle situation ? Mieux vaut en rire moi je dis, pour éviter de devenir fou. Mais, si quelqu'un m'avait entendu rire à ce moment précis, alors il m'aurait très vraisemblablement traité de fou. Drôle de monde ...
J'ai atteint Juvisy au crépuscule. L'endroit avait probablement été évacué très tôt. Pas un chat. Presque aucune trace de pillages. Un ou deux zombies sur l'avenue principale mais il ne m'ont pas vu je pense. J'ai laissé la moto sur le bas côté et j'y ai laissé le casque. J'ai également laissé un message sur un poteau de signalisation à proximité, tagué à la bombe de peinture verte. Le message est simple : "Survivant à pied. Vers le sud. N7". Libre aux éventuels rescapés de me rejoindre. 
Le restaurant dans lequel je m'abrite s'appelle "Au Sel Noir". Joli nom, vous ne trouvez pas ? Il restait pas mal de conserves en cuisine et des réchauds à gaz. J'ai pu manger chaud. Des raviolis à la bolognaise. 
Je me suis enfermé dans la cave à vin. La meilleure planque possible. Dès demain, je reprends ma petite randonnée. Réveil aux aurores. Après mon deuxième ou troisième cauchemar.
Je suis encore en vie. Je ne vais pas remercier Dieu. Ce n'est pas de l'ingratitude mais du réalisme. Ce n'est pas à lui que je le dois. Pour autant que je sache, il n'existe pas. Désolé, mais je ne suis pas prêt de guérir de mon athéisme aigu. Je préfère remercier mon instinct de survie.

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