samedi 26 mars 2011

LE SURVIVANT - 26 MARS 2014

Je m'appelle Lucas Barillet. 32 ans. Je vis à Paris dans le 13ème arrondissement et, au bas de mon immeuble, il y a tout un tas de morts-vivants qui se ballade.
J'ai trouvé tout un tas de cahier dans une armoire, chez mon concierge. Et plein de stylos aussi. J'avais jamais tenu de journal intime avant. J'ai jamais eu la patience. Et puis, y avait pas grand chose à raconter. Avant toute cette merde, il faut bien avouer que ma vie était chiante. Je vous dispenserai donc de vous en faire un résumé. Du moins, pour le moment. Je me demande d'ailleurs si ce que j'écris aujourd'hui intéressera un jour quelqu'un ou si on se torchera avec les pages, comme un rouleau papier de cul de luxe, comme dans ce film, Danse Avec Les Loups.
Comment on en est arrivé là ? La fin du monde. L'enfer sur Terre. Le pourquoi, je le connais pas. Je veux bien être bouffé si quelqu'un a la réponse à cette question. Mais si il y a au moins une chose que je peux faire, c'est faire le point. Vous dire quand tout a commencé. Le 2 février 2014. Un bol de céréales à la main, la tête dans le cul, j'ai allumé la télé. Et là, ils ont parlé d'une épidémie pas comme les autres. Pas de point d'origine. ça s'est déclaré dans plein d'endroits différents en même temps. Canada, Russie, Corée, Syrie. Les morts revenaient à la vie. C'est pas une nouvelle facile à croire. Dans une époque comme la nôtre, les canulars sont légion. Merci Internet. Et pourtant ...
C'est en allant jeter ma poubelle que la vérité s'est "imposé" à moi. Dans la cave. 
Le sang, les tripes, c'est une chose. Personne ne se rend compte que le pire, c'est l'odeur. Infect. A gerber tous ses repas de la journée en une seule fois. 
Ma voisine du dessus, célibataire, mignonne. Un type que j'avais jamais vu, le teint grisâtre, décharné, était en train de lui bouffer le visage, mordant à même la chair. Un globe oculaire à moitié mâché avait roulé par terre. Je voudrais vous dire que j'ai fait ce qu'il fallait et que ce zombie, je l'ai buté dans les règles de l'art. J'aimerais même vous dire que je me suis fait dessus et que je me suis enfuit en courant et en hurlant. Au lieu de ça, je suis resté planté là, ma poubelle à la main, envahi par la nausée. Je sais pas combien de temps. Mais j'ai fini par tourner les talons et je suis remonté chez moi. J'ai fermé la porte, j'ai mis le verrou et j'ai chialé comme un gosse, sans jamais lâcher cette putain de poubelle. 
Les morts reviennent à la vie. Le pays, ma ville, tout fout le camp à vitesse grand V. Il aura à peine fallu plus d'un mois. 
Depuis 13 jours, je survis, reclus, silencieux, en pillant toute la nourriture que mes voisins ont pas emporter avec eux. L'électricité et l'eau courante ne sont déjà plus qu'un souvenir. Coupés il y a deux jours. J'aurais pu quitter la ville lorsque l'armée a lancé un plan d'évacuation. Ils ont vidé l'immeuble en faisant du porte à porte en moins d'une matinée. Moi, j'ai refusé de partir. Traitez moi de con, si vous voulez, mais je suis un solitaire. C'est ce qui m'a toujours sauvé la vie. Avant que la télé, la radio et les réseaux mobiles ne rendent l'âme, toutes sortes d'histoires effrayantes se sont échappées des camps de réfugiés et des convois. Encerclés par les morts, regroupés comme des moutons qu'on amène à l'abattoir, ils ont pas fait long feu. Militaires ou pas. 
Bientôt, je vais être à court de vivres. J'ai pris ma décision. Va falloir trouver un plan solide et s'organiser. 
Faut quitter Paris.

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