C'est bien connu. Un plan ne se déroule jamais comme prévu.
J'ai toujours eu pour habitude d'être pessimiste. Comme ça, on est jamais déçu. Je crois que là, je vais encore devoir revoir mes espérances à la baisse.
Ce soir, je vais dormir, abrité (mais pour combien de temps ?) de l'incendie qui promet de ravager la totalité de Paris, à seulement 500 mètres de mon point de départ. 500 mètres.
La tactique des cocktails molotov a foiré. Doux euphémisme. Oui, les morts-vivants ont bien peur du feu. Mais ils sont beaucoup trop nombreux. J'ai quitté mon appartement aux premières lueurs de l'aube. J'y ai même mis le feu (hors de question de laisser ma collection de films et de jeux vidéos à ces raclures cannibales ou au premier venu) en bon adepte de la politique de la terre brûlée. Histoire de me motiver à aller de l'avant, aussi stupide (et ça l'est !) que cela puisse paraître. Ils étaient des centaines à m'attendre en rang serré. J'ai lancé mon premier cocktail pour me créer un espace, pour pouvoir passer. J'ai fait une belle connerie. Deux d'entre eux ont aussitôt pris feu et se sont jeté sur moi. Mourir cramé et dévoré à la fois. Quelle perspective ! J'ai eu tout juste le temps de profiter de la confusion de la meute pour m'enfuir. Pas par le chemin prévu, ça va sans dire. Mais dans la bonne direction, du moins il me semble.
Je me suis retrouvé dans une petite rue où ils étaient moins nombreux, un peu plus éparpillés. J'ai couru en esquivant chaque tentative de me mettre le grappin dessus. J'ai couru à en perdre haleine. J'en ai bousculé quelques uns. Au bout de la ruelle, j'ai contourné l'épave d'une camionnette pour me retrouver dans un autre merdier. J'ai sous-estimé leur nombre. Et j'ai sous-estimé la capacité des incendies et de la fumée à masquer mon odeur.
Des milliers, des dizaines de milliers. Le boulevard qui me mènerait à la Porte d'Italie était totalement obstruée par les zombies. On aurait cru une manifestation, s'étendant jusqu'à l'infini. J'ai eu le temps de remarquer que la porte d'un immeuble était ouverte, à une cinquantaine de mètres devant moi, juste un peu sur ma droite. Il a fallu jouer de la barre de fer pour y parvenir. J'ai pas fait le compte mais je crois bien en avoir étalé une bonne dizaine sur le chemin. Le crâne de l'un d'eux a littéralement explosé sous la force de mon coup et sa cervelle s'est répandue partout. Sur moi aussi. J'ai refermé la lourde porte blindée (là je bénis les paranoïaques sécuritaires que j'ai si souvent insulté !). Tout s'est passé si vite.
La nuit tombe. L'incendie fait rage. Je me suis enfermé dans un grand trois pièces du cinquième et dernier étage. J'ai éliminé l'occupant des lieux. Un zombie bien sûr. Mais même s'il avait été humain, je crois que j'aurais pas fait la différence. C'est en étant aussi proche de la mort que l'on se rend compte à quel point on tient la vie (insultez-moi pour ce nouveau cliché, j'en ai plus rien à foutre ce soir). Je suis prêt à tuer quiconque risque de me faire tuer.
Maigre consolation. Il reste un pack de bière. Douze fois 33 cl de bonheur en bouteille. Vous m'excuserez mais je crois que je vais toutes les siffler.
Cet immeuble a une cour intérieure. Il y a deux véhicules. Deux voitures qui semblent en bon état. Je vais tenter d'en faire démarrer une. S'enfuir à pied n'est plus une solution.
Pourvu qu'il y ait de l'essence. Juste assez. Je baisse pas encore les bras.
Mdr pour l'idée de les crâmer ! C'est bien, ça me plaît ! je m'y crois !!! :-D
RépondreSupprimer