mardi 7 décembre 2010

TRON LEGACY - LA BANDE ORIGINALE

Engager le binôme français de Daft Punk pour composer la musique de TRON LEGACY, suite tardive et attendue de l'ovni 80's de Steven Lisberger, avait de quoi intriguer. C'est ceratin, le choix du réalisateur Joseph Kosar, à défaut d'être osé (finalement, qui n'aime pas Daft Punk ?), s'est avéré surprenant pour un blockbuster de cette magnitude. Les premiers extraits entendus sur le net pouvait rassurer (notamment Derezzed) les fans du groupe : c'est de l'electro, ça sonne comme du Daft Punk ! 
Presque deux mois avant la sortie du film, le CD est dans les bacs et le verdict peut-être rendu. Ceux qui se souviennent avec nostalgie de la partition électronique et minimaliste de Wendy Carlos pour le premier film ne vont pas en revenir. Daft Punk, loin de céder à la facilité du tout électro, signe une partition à l'ampleur insoupçonnable, une symbiose totale entre un symphonique massif et une rythmique moderne qui balaie tout sur son passage. C'est épique, c'est rythmé, c'est gorgé de références aux grands noms de la musique de film (Shore, Poledouris, , Vangelis, Goldsmith et Carpenter sont cités avec amour) et ça fait du bien aux oreilles ! 
Un petit descriptif, morceau par morceau, s'impose :
[NB : je n'ai pas vu le film et je ne réagis qu'à ce que la musique et le synopsis connu du film m'évoquent. Ceux qui craignent un abus de spoilers peuvent lire sans crainte, je ne pense pas révéler trop de choses.]
1/Overture : Là, c'est du Howard Shore pur jus. Pas l'ombre d'un synthé dans cette courte introduction symphonique. Atmosphérique et remplie d'émotion, la musique place d'emblée les relations père/fils au coeur de l'histoire. Stylistiquement, on pense à PANIC ROOM, COPLAND et LA MOUCHE; On a connu pires références musicales. L'emploi des cuivres en impose et le thème principal se dégage.
2/The Grid : Daft Punk doit connaître le CD de la musique de BLADE RUNNER par coeur. Dans une ambiance à la Vangelis, la voix de Jeff Bridges nous invite à la découverte de l'univers de TRON. Tout est possible se dit-on. Et on a pas tort. Le thème principal se pare ici de ses atours électroniques.
3/The Son of Flynn : Une boucle synthétique qui s'enrichit d'une dimension émotionnelle subtil. On pense ici à ... Goblin de Claudio Simonetti mais aussi à Giorgo Moroder.
4/ Recognizer : L'équilibre entre le symphonique et l'électronique est totale, comme à la bonne vieille époque d'un Jerry Goldsmith (STAR TREK ou POLTERGEIST II) et on entre de plein pied dans le monde virtuel créé par le personnage/démiurge de Jeff Bridges. Sous la fascination, l'orchestre fait apparaître une menace à l'ampleur écrasante.
5/Armory : Un morceau de transition, qui convoque cette fois-ci le spectre de John Carpenter période NEW YORK 1997. Les influences des années 80 sont ici parfaitement digérées.
6/Arena : Parfaitement raccord avec ce qui a précédé. Les jeux du cirque version TRON versent dans l'électronique old school. NEW YORK 1997 est à nouveau abondamment cité.
7/Rinzler : La section rythmique nous happe au coeur d'un duel. La mécanique de l'univers de TRON joue les rouleaux compresseurs. 
8/The Game has changed : Dans la droite ligne des trois précédents morceaux. Toute la menace de la tyrannie imposée par Clu (joué par un Jeff Bridges rajeuni de vingt ans par ordinateur) affronte le vent de rébellion soufflé par le jeune Flynn, illustré par des boucles de violons qui refusent de disparaître sous les coups de boutoirs de percussions synthétiques. Tout un programme et une vraie note d'intention.
9/Outlands : Sans conteste le morceau le plus mémorable de l'album. Véritable tour de force lyrique et symphonique, c'est une invitation à l'aventure, exaltant au possible. Basil Poledouris et son CONAN LE BARBARE, chef d'œuvre intemporel de la musique de film, trouve un écho inattendu et soufflant de précision.
10/Adagio For Tron : Le titre est on ne peut plus éloquent. C'est aussi le plus long depuis le début de l'album. La place accordée à l'émotion et à la sensibilité constitue une douce surprise dans le monde généralement aseptisé du blockbuster sauce numérique. Violons et violoncelles dominent avec une belle intensité.
11/Nocturne : Un romantisme à fendre les cœurs les plus endurcis. Après une ouverture, un adagio et une nocturne, les ambitions de Daft Punk sont indiscutables : créer une symphonie, une vraie ! Pari réussi !
12/End Of Line : Le style Daft Punk reprend ses droits un court instant. Avec ses sonorités 8-bit qui jouent les troubles-fête, il s'agit là du seul hommage réel à la partition de Wendy Carlos pour le TRON original.
13/Derezzed : Daft Punk livre son idée d'une musique de film d'action. Le symphonique s'efface provisoirement au profit d'un morceau de bravoure électronique virevoltant et agressif. Une transgression réjouissante qui colle une banane de tous les diables et qui s'arrête... sans crier gare !
14/Fall : Quelle puissance ! Une chute inéxorable et un orchestre poussé à jouer très fort ! Dommage que ce soit si court ...
15/Solar Sailer : Le voilier solaire est une autre référence au film précédent. Fermez les yeux, on jurerait entendre une partition pour un film de Michael Mann. Morceau à forte teneur hypnotique !
16/Rectifier : Le dénouement approche. Gustav Holst et son "Mars, dieu la guerre" est une référence évidente. L'orchestre prend en puissance. Un crescendo belliqueux imparable.
17/Disc Wars : Que la guerre et le chaos règnent ! L'affrontement prend une tournure mythologique alors que les deux fils d'un dieu vont se disputer le contrôle de tout un univers ! Le Clint Mansell de THE FOUNTAIN et le James Newton Howard de INCASSABLE sont cités avec justesse. Les boucles synthétiques sont de toute beauté. 
18/C.L.U. ; Autrefois héros, aujourd'hui tyran, C.L.U. est l'une des plus belles promesses narratives de TRON LEGACY. Comment transformer un personnage positif en ennemi redoutable ? Réponse (partielle) en musique ! Boucles de violons, percussions atomiques et intrusions de sonorités synthétique à la John Carpenter s'entrechoquent pour donner à ce personnage emblématique une carrure proprement inimaginable.
19/Arrival  : Après l'action, l'émotion reprend ses droits. Evocation à peine masquée du fameux Tears in Rain de Vangelis pour BLADE RUNNER, Daft Punk laisse sous-entendre une résolution de l'intrigue plus spirituelle que physque.
20/Flynn Lives : Une résurrection ? Les nappes mélodiques semblent émerger du néant et grandissent vagues après vagues. A nouveau, Howard Shore (et en particulier son travail sur LE RETOUR DU ROI) ne sont pas très loin. Epique à souhait !
21/Tron Legacy (End Titles) : Les spectateurs quitteront la salle sur une relecture synthétique et entraînante du thème principal. Daft Punk fait du Daft Punk dans ce qui est probablement le morceau le plus faible de tout l'album. Une façon d'apaiser les esprits et de répondre aux attentes ? Attention, ça reste tout de même du haut de gamme, hein !
22/Finale : Une symphonie ne saurait être une symphonie réussie sans un finale adéquat. L'orchestration, noble et pourvue d'une vraie puissance héraldique, réaffirme la teneur émotionnelle, chevaleresque, épique et mythologie de l'histoire qui nous a été contée ! Les gladiateurs virtuels de TRON s'imposent comme les légataires d'une certaine tradition héroïque. L'ancien et le nouveau fusionnent. 
Voilà, le disque est terminé ! L'achat, pour tout fanatique de musique de film, est obligatoire. Les admirateurs de Daft Punk seront surpris à plus d'un moment, mais il s'agirait pour ces derniers de na pas louper ce qui, pour le duo vedette de la scène électro, sonne avant tout comme un vibrant plaidoyer pour la réconciliation entre le symphonique et l'électronique. C'est un vrai chef d'oeuvre et, croyez-moi, le terme est loin d'être employé à la légère !
Reste maintenant à découvrir le résultat en salles, couplé aux puissantes images que nous promettent une série de bandes-annonces alléchantes ! Rendez-vous est pris pour le mois de février et une critique du film (à chaud, forcément !).

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