lundi 13 décembre 2010

MACABRE (1980) - LE PREMIER FILM DE LAMBERTO BAVA

Sorti en France sous le titre BAISER MACABRE, le premier effort du fils du célèbre Mario Bava (LE MASQUE DU DEMON, SIX FEMMES POUR L'ASSASSIN, LA BAIE SANGLANTE, ...) est disponible depuis quelques temps déjà dans une très belle édition DVD sortie chez les anglais de Arrow Films. L'occasion idéale pour un retour sur cette petite friandise morbide. 
Désireux de s'émanciper (mais pas trop) de l'imposant giron paternel, Lamberto Bava signe là son premier film (d'horreur, vous l'aurez deviné - en même temps, vu le titre !) en s'inspirant sur un fait divers malsain : l'histoire d'une femme qui, dévastée par le trépas de son amant, décida de conserver la tête de celui-ci dans son réfrigérateur. Ce point de départ, propice à toutes les déviances (nécrophilie, cannibalisme forcé, infanticide, j'en passe et des meilleurs), fait tout le sel d'un métrage certes maladroit et bancal mais pourtant étrangement attachant. Dans son obstination dans la complaisance, histoire d'en donner au spectateur/voyeur pour son argent, Bava junior force le respect et parvient à faire oublier les nombreux défauts du film (interprétation carrément approximative et clownesque - l'actrice principale en fait des tonnes dans le registre de la folie domestique ! - et scénario anorexique, longues séquences de remplissage et de nudité gratuite) pour offrir un pur film d'exploitation jouissif qui s'amuse à détruire avec application l'image du bonheur familial tel que les très catholiques italiens (ou même les chrétiens américains) peuvent le concevoir. Dans MACABRE, personne n'est à l'abri de succomber à la pire folie, ni les fillettes souriantes à couettes (hilarante prestation de la gamine qui, après avoir noyé dans le bain son innocent petit frère, se lance dans un concours de sourires démoniaques à souhait), ni et surtout pas la desperate housewife en titre. Bien sûr, en insistant sur le statut de femme américaine moderne et libérée de son héroïne (en opposition aux valeurs traditionnelles), Bava pourrait nous laisser penser que son histoire se veut moralisatrice et conservatrice. Pourtant, c'est en se refusant à mettre en scène tout autre type de modèle familial qui pourrait venir en contrepoids, que le discours bien-pensant passe à la trappe et que la déliquescence s'installe pour la plus grande joie des amateurs d'horreurs diverses étalées à grands renforts de zooms avant grossièrement révélateurs (Oh ! Ah ! nous forcent t-on à nous exclamer !) et de gros plans à vocation vomitifs ! Le cinéma d'exploitation italien dans toute sa granuleuse et folle splendeur, quoi !
Alors que, sous l'impulsion de cinéphiles célèbres tels que Quentin Tarantino, toute une nouvelle génération se lance dans la découverte des bandes dites "grindhouse", il serait bien dommage de passer à côté de MACABRE !
Pour ce qui est du DVD, les petit gars de chez Arrow Films ont soigné le boulot. Jaquette réversible avec choix entre l'affiche originale et nouvel artwork maison (très joli, au passge), livret avec une inteview de Lamberto Bava, copie aussi propre que possible (malgré les nombreux scratches et rayures consécutifs à l'âge et à la rareté du titre), bande-annonce gentiment kitsch, galerie de photos amusante et - ô joie ! - un court documentaire intitulé MACABRE & THE GOLDEN AGE OF ITALIAN EXPLOITATION animé entre autres par les producteurs, Lamberto Bava en personne et même Joe Dante qui témoigne en qualité de fan, et qu'il est recommandé de visionner avant le film tant il est aide à se mettre en condition. Le tout est en anglais non sous-titré (film et bonus) mais faîtes un effort et (re)plongez dans les délices des bis italiens ! 

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