Enfin ! Après quelques années d'attente, INFERNO, second volet de la trilogie des Trois Mères de Dario Argento, est disponible en France sur galette numérique. La sortie est double. Il y a d'abord une série de DVD avec L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL, LE CHAT A NEUF QUEUES, INFERNO, TENEBRES et PHENOMENA, puis un triplé en haute-définition avec SUSPIRIA, INFERNO et TENEBRES; L'évènement est de taille pour les argentophiles et on peut saluer l'initiative de l'éditeur Wild Side. Petit (gros ?) bémol cependant, ces disques ne sont disponibles qu'à la Fnac en raison du partenariat d'exclusivité entre Wild Side Vidéo et la grande enseigne. Une politique un brin dommageable quand on considère que le catalogue de l'éditeur a tout autant sa place dans les petites boutiques cinéphiles forcément avides de telles raretés. Mais laissons la contestation de côté (pour le moment) et revenons à notre beau mouton : INFERNO.
Ce film tient une place tout à fait particulière dans ma mémoire de cinéphile puisqu'il s'agit du tout premier film de Dario Argento que j'ai pu voir, bien avant SUSPIRIA, lors d'une diffusion sur Canal +. Un véritable choc esthétique pour le gamin de onze ans que j'étais. Je me souviens ne pas avoir compris grand chose à l'histoire (mais celle-ci, au final, n'a qu'une importance toute relative) et avoir été fasciné par la débauche de couleurs et l'exploration en apnée par une belle demoiselle, toute de blanc vêtue, des combles inondées de l'immeuble qui tient lieu de décor principal et de protagoniste à part entière. Il y a dans INFERNO une magie et un pouvoir de fascination qui transcende les genres. Sans pouvoir alors le formuler, j'intégrais le fait que la forme pouvait réellement supplanter le fond.
S'il y a bien un aspect sur lequel j'attendais ce blu-ray au tournant, c'est donc l'image. Et là, c'est une petite déception. La définition et la compression sont solides. La copie est nickel. Mais ce sont les couleurs qui pêchent. Le festival chromatique d'autrefois est aujourd'hui bien pâlot. L'ensemble manque de pêche, c'est une évidence. J'ai eu beau pousser la colorimétrie de mon écran à fond, rien n'y a fait. Certains passages donnent une impression de délavé. Dommage.
La section son en revanche (avec piste DTS HD et version italienne d'origine en mono) sont pleinement satisfaisantes et immersives. Petite préférence pour la piste française mais c'est la nostalgie qui parle (j'ai beau être un ayatollah de la VO, certains films sont tellement ancrés dans ma mémoire affective que toute autre piste que la VF d'origine me gênent). La musique de Keith Emerson (du groupe Emerson, Lake & Palmer) y est parfaitement à l'honneur.
Côté suppléments, c'est le minimum syndical. Pièce centrale, le montage d'entretiens entre Dario Argento, Romano Albani (directeur de la photographie) et Luigi Cozzi (réalisateur de STARCRASH et propriétaire de la cultissime boutique PROFONDO ROSSO à Rome, mais aussi ami et proche collaborateur d'Argento) est dense en informations quant aux intentions artistiques du projet INFERNO. Mais un tout petit quart d'heure, c'est bien trop court pour évoquer un projet aussi riche et l'on est en droit de rester sérieusement sur sa faim. Vient s'ajouter à ce mini-doc, une galerie de photos en haute-définition sur fond musical de la bande originale du film et une bande-annonce. Un peu anémique tout ça, mais vu qu'aucune autre édition n'est à prévoir dans notre beau pays, il va falloir s'en contenter ou aller chercher le saint graal à l'étranger (une édition allemande très alléchante se profilerait déjà à l'horizon !).
Coincé entre l'inégalable SUSPIRIA et le (je vais essayer un terme vaguement poli) "parodique" MOTHER OF TEARS, INFERNO est une singulière œuvre d'art, hypnotique et poétique, et qui ne pâtit que très légèrement d'un casting inégal (le héros est une belle tête à claques) et d'un scénario en free-style. Indispensable, en dépit des réserves émises sur la qualité de l'image.
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