mercredi 29 décembre 2010

BILAN CINE 2010 - LES TOPS & LES FLOPS

La fin de l'année approche à pas de tyrannosaures enragé et il est temps de tirer les conclusions des sorties ciné des douze mois passés. Sans plus attendre donc, mes vainqueurs ... et les autres, ceux qui m'ont donné plus d'une fois l'envie de m'arracher les yeux.

ZE BEST

1. SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD : Après SPACED (meilleure série tv british de tous les temps !), SHAUN OF THE DEAD (meilleur film de zombie british de tous les temps !) et HOT FUZZ (meilleure comédie d'action british de tous les temps !), Edgar Wright continue son parcours sans faute en livrant la meilleure comédie romantique pour geeks avec kung-fu et hommages vidéoludiques de tous les temps !
2. THE SOCIAL NETWORK : Pluôt que de livrer "le film sur Facebook", David Fincher livre un drame juridique de très haute volée et confirme une bonne fois pour toutes qu'il est bien l'égal de feu le grand Stanley Kubrick. Brillant de bout en bout. Le film parfait ? Peut-être bien, ...
3. INCEPTION : On ne le dira jamais assez mais, sérieusement, vous en avez vu beaucoup ces temps-ci des blockbusters américains inventifs, ludiques et intellos qui ne soient pas une adaptation, un remake ou une suite, tout en offrant poursuites diverses, explosions maousses et effets spéciaux qui mettent sur le cul ? Chris Nolan signe l'oiseau rare et touche le pactole. Et en plus, Hans Zimmer en profite pour signer une bande-son tétanisante !
4. LE GUERRIER SILENCIEUX : Un film de vikings contemplatif, métaphysique et ultra-sensorielle ? What the fuck !? Ceux qui attendaient un film d'aventures barbare et mouvementé ont tiré une drôle de gueule devant l'objet filmique non identifié de Nicolas Winding Refn (BRONSON et les PUSHER). Le cinéaste livre une œuvre singulière et difficile d'accès. On aime ou on déteste, il n'y a pas de juste milieu. Mais il serait criminel de passer à côté d'un film qui ne cherche pas à ressembler aux autres et qui creuse son propre sillon dans la boue, le sang et le sel des océans.
5. SPLICE : Le film de monstre période Cronenberg/Carpenter (80's power !) est de retour ! Vincenzo Natali tripatouille l'ADN, la chair et la psyché de son couple vedette (Sarah Polley et Adrian Brody) en les confrontant à leur création : la mutante Dren. De la série B haut de gamme qui doit beaucoup à ses références parfaitement digérées et sa créature soignée et fascinante.
6. KICK-ASS : Des super-héros sans pouvoirs, un humour politiquement incorrect, une réflexion intéressante sur la notion d'héroïsme à l'heure de la surcommunication et la découverte d'un talent prometteur (Chloë Moretz, pré-ado meurtrière dans le rôle de la bien nommée Hit Girl), KICK ASS c'est tout ça et c'est déjà beaucoup dans le petit monde déjà routinier de l'adaptation de comics sur grand écran. Et Nicolas Cage est énorme ! Maintenant que Matthew Vaughn s'est enfin penché sur le cas des X-Men (X-MEN FIRST CLASS, prévu pour l'été 2011) après avoir laissé le troisième opus à cet incapable de Brett Ratner, j'attends avec impatience de le voir transformer l'essai.
7. THE WOLFMAN : Artisan classique (au meilleur sens du terme), doté d'un goût très sûr, Joe Johnston (JURASSIC PARK 3, ROCKETEER, HIDALGO, soit le haut du panier de la série B familiale à gros budget) offre l'une des meilleures surprises de l'année avec ce film de loup-garou old school, gore, tragique et plastiquement somptueux. Entre un trio d'acteurs au sommet de leur charisme (Benicio Del Toro, Anthony Hopkins et Hugo Weaving), des effets spéciaux qui mélangent harmonieusement maquillages à l'ancienne et images de synthèse (l'échappée londonienne du lycanthrope est un authentique morceau de bravoure) et une musique dantesque (Danny Elfman dans un hommage jouissif au Wojciech Kilar du Dracula de Coppola), THE WOLFMAN marque des points et fait oublier sa confection pourtant douloureuse (premier metteur en scène viré, multiples retournages et remontages, sortie repoussée). 
8. DAYBREAKERS : Doués pour les effets spéciaux, les frères Spierig ne m'avaient pas convaincu avec leur premier long-métrage, THE UNDEAD, petit délire zombiesque et gore mal écrit, mal joué et mal rythmé. La surprise qu'offre DAYBREAKERS est d'autant plus grande. Synthèse surprenante entre le film d'anticipation pessimiste (1984, BLADE RUNNER et SOLEIL VERT sont abondamment cités) et le film de vampires pur et dur, DAYBREAKERS est un petit modèle d'intelligence et de savoir faire qui offre de vrais frissons et d'émouvants instants de lyrisme sanglant et qui tire le meilleur parti de son casting de seconds rôles (Sam Neill, Jude Law et Willem Dafoe sont excellents).
9. DOG POUND : J'étais resté perplexe devant SHEITAN, pas certain d'avoir aimé ou détesté le premier film de Kim Shapiron. Pour son second effort, le français change de registre avec ce drame carcéral juvénile, inspiré du SCUM d'Alan Clarke. Sobre, direct et efficace, DOG POUND donne à réfléchir, longtemps après son générique de fin. Essentiel.
10. THE WALKING DEAD (pilote) : Comment ? Un pilote de série télé dans un Top 10 cinéma ? Y a pas une erreur, là ? Oh que non !! En posant les bases de l'adaptation télévisuelle de la bande dessinée fleuve de Robert Kirkman et Charlie Adlard, Frank Darabont signe un zombie-movie qui aurait parfaitement mérité d'être diffusé sur grand écran. Avec son budget confortable (pour un production de ce genre), le réalisateur des EVADES et de THE MIST affirme à nouveau son talent de conteur et fait vivre une galerie de personnages faillibles mais fascinants, frappés par une épidémie de morts-vivants cannibales réaliste et terrifiante. A voir, ne serait-ce que pour le plan final, vertigineux travelling arrière en plongée totale sur un tank perdu au beau mileu d'un canyon de buildings et assiégé par des milliers de zombies affamés !

On presse le pas et on jette un regard (forcément désinvolte) sur les daubes qui nous ont pourris l'année !

FLOPS 2010

1.  ALICE AUX PAYS DES MERVEILLES : Ou comment Tim Burton, autrefois génial et atypique, se tire une grosse balle dans le pied avec ce sommet de mauvais goût, de morale capitaliste gerbante et de foutage de gueule pur et simple. Celui-là, il m'a fait mal !
2. LES AVENTURES EXTRAORDINAIRES D'ADELE BLANC-SEC : Luc Besson est un cas à part. De film en film, il parvient à repousser la barre de la médiocrité toujours plus bas. Témoin ,cette grosse série Z à gros budget (mais ils les ont sniffés ou quoi leurs millions d'euros) qui fait bien pitié à regarder. 
3. SKYLINE : Alors là, no comment.
4; SHERLOCK HOLMES : Un vrai film de poseur qui se pose en véritable concentré de vide absolu. D'accord, c'est bien filmé. Mais c'est pas une raison pour oublier d'avoir une histoire à raconter ou des acteurs à diriger. Idéal pour les spectateurs en manque de sommeil. L'effet est garanti.
5. PRINCE OF PERSIA - LES SABLES DU TEMPS : Même quand il produit des bouses, Jerry Bruckheimer s'était jusqu'à présent arrangé pour les rendre distrayantes (remember LES AILES DE L'ENFER avec sa galerie de bad guys patibulaires et son Nicolas Cage chevelu ?). Peine perdue pour ce consternant film d'aventure réalisé sous Prozac avec un Jake Gyllenhaal mauvais comme un cochon.
6. LE CHOC DES TITANS : L'original était un nanar avec de jolies monstres signés Ray Harryhausen. Le remake est juste un nanar. 
7. LE DERNIER MAÎTRE DE L'AIR : Shyamalan enterre le peu de crédibilité qu'il lui restait avec cette purge innommable. Encore un film qui m'a fait mal.
8. LE SOLDAT DIEU : Koji Wakamatsu, peut-être en mal de reconnaissance, torche avec deux mains gauches ce pamphlet antimilitariste pour festivaliers branleurs. Dommange pour les interprètes, impeccables eux.
9. SALT : Super Angelina Jolie fait des super bonds de camion en camion, tel un marsupilami sous cocaïne ,dans ce super thriller pouêt-pouêt. Super hilarant (mais c'était peut-être pas l'effet recherché, je crois).
10. THE KARATE KID : Comment saccager en 2h20 (putain que c'est long !) un petit classique des années 80, révéré par l'auteur de ces lignes. Et puis un film de kung-fu qui s'appelle KARATE KID ? Nan, mais sans déconner !!

A l'année prochaine !


mardi 28 décembre 2010

LE SOLDAT-DIEU (2010) DE KOJI WAKAMATSU - CRITIQUE

Durant la Seconde Guerre Mondiale, Kyuzo Kurokawa, militaire et mari brutal, revient du front chinois en héros. Horriblement mutilé après la perte de ses deux bras, de ses deux jambes et même de sa voix, il est placé sous la responsabilité de son épouse, la discrète Shigeko. A elle seule revient "l'honneur" de s'occuper du Soldat Dieu, comme tout le monde le surnomme. Et malgré son état, Kyuzo n'a rien perdu de sa malfaisance, ni de son appétit sexuel ...
Plein d'espoir suite au formidable coup d'éclat que représentait l'épique UNITED RED ARMY, je me suis précipité dans les salles (enfin, LA salle) pour profiter du dernier opus du très productif KOJI WAKAMATSU, devenu l'un des maîtres du pinku eiga avec des films tels que VA VA VIERGE POUR LA DEUXIEME FOIS et QUAND L'EMBRYON PART BRACONNER. 
Disons-le tout de suite, la déception est de taille. Passé le générique, constitué d'archives de guerre qui confrontent musique de propagande et dureté de la réalité, la laideur esthétique du prologue plombe l'enthousiasme. Dans un noir et blanc hideux (et sous-exposé à l'excès) et mal cadré, parasité par des flammes envahissantes rajoutées en post-production, on assiste au viol brutal de civiles chinoises par des soldats japonais. Cette scène, qui se voudrait viscérale et choquante, peine à susciter la moindre émotion chez le spectateur. Et tout le reste du métrage peut malheureusement se voir avec la même consternation. En dépit d'une poignée de plans qui rappellent que Wakamatsu a tout de même du talent (la majorité concernent en fait le "soldat dieu" du titre, homme-tronc fascinant et pathétique à la fois, symbole vivant de l'atroce politique militariste du Japon de la Seconde Guerre Mondiale), LE SOLDAT DIEU respire la paresse. Le tournage en DV, le montage sous lexomyl, la musique ronflante (un piano à la Joe Hisaichi quand on contemple la nature et un gros violon quand il faut pleurer - ça fait mal aux oreilles !) et le scénario qui tire à la ligne (il ne se passe VRAIMENT pas grand chose pendant 1h25) sont autant de tares qui viennent amoindrir un discours antimilitariste pas inintéressant pour autant (la guerre est une infirmité vorace qui n'a de cesse de dévorer consciences, couples, villages et nations). Koji Wakamatsu a un message à faire passer et on peut lui reconnaître le mérite de ne pas lâcher l'affaire jusqu'à la fin avec un épilogue pas vraiment transcendant mais néanmoins satisfaisant. Autre élément de consolation : l'interprétation. Shinobu Terajima (récompensée - très justement - à Berlin pour ce rôle) est magnifique en épouse courageuse, remplie d'amertume et faussement soumise. Et encore bravo à Shima Ohnishi qui dans le rôle titre, pourtant ingrat (pas de dialogue ou presque, pas de bras - qui a dit pas de chocolat ? - et pas de jambes, un lourd maquillage à porter sur la moitié du visage) fait des merveilles en faisant passer quantité d'émotions par la simple force de son regard.
Tout n'est donc pas à jeter dans LE SOLDAT DIEU, et j'espère sincèrement que le cinéaste japonais saura rattraper cet impair très vite. Si vous ne connaissez pas encore Wakamatsu, passez votre chemin ; ce film n'est pas la meilleure façon de découvrir son oeuvre. Si vous êtes un afficionado, vous saurez lui pardonner ses prétentions maladroites d'auteur pour festivalier bobo pour mieux saluer la sincérité du discours qui irrigue ce film bancal.

dimanche 26 décembre 2010

THE BIG BANG THEORY - MY GEEK IS BEAUTIFUL !

Cher Docteur Cooper,
Voilà trois ans (depuis 2007) que je suis avec fidélité vos aventures, telles que la série THE BIG BANG THEORY (créée par les sieurs Chuck Lorre et Bill Prady, ne manquons pas de citer les coupables) se plait à les raconter, c'est à dire avec humour, frivolité et une certaine intelligence qui, si elle n'est pas encore de votre niveau, reste tout de même d'un calibre fort appréciable. Chaque épisode a ainsi le bon sens de mettre en valeur votre génie, votre culture "geekesque" (pardonnez-moi ce terme barbare) et votre hygiène de vie qui est, pour moi, une inspiration de tous les moments. Laissez-moi citer, par exemple, votre style inimitable pour frapper à la porte de vos connaissances. Trois coups puis le nom de la personne à laquelle vous désirez accéder, le tout répété trois fois. Voilà qui me semble raisonnable, puisque vous évitez ainsi toute ambiguïté ou attente inutile devant une porte close. Je n'ai pu dès lors m'empêcher d'imiter cette technique malheureusement mal appréciée par mes pairs (mais, tout comme vous, je me demande si j'ai seulement des pairs). Mais trêve de flatteries inutiles. 
L'objet de cette missive, si vous me le permettez, est de vous faire part de quelques observations concernant votre cercle d'amis (proche) à Pasadena, en Californie.
Commençons, si cela vous sied, par celle qui depuis trois ans est votre voisine de palier et amie récente. Je  veux bien sûr parler de Penny, "simple" serveuse au Cheesecake Factory, issue d'une culture immodérément Middle West, collectionneuse d'hommes, blonde sensuelle mais peu ordonnée, et encline à des épisodes colériques pour le moins déstabilisants. Il est étonnant que vous puissiez tolérer (du moins en apparence) une telle personne, si pleine de certitudes (l'horoscope et la voyance sont de réelles escroqueries et il serait temps que la demoiselle s'en rende compte) et de critiques agressives à votre égard. De plus, sa romance avec votre colocataire (nous y reviendrons), heureusement de courte durée, était clairement une tentative d'intrusion dans votre vie et de redéfinition de votre mode de vie. Vous pouvez être fier : vous avez su rester le même dans l'adversité et, par bien des aspects, avez également pu inculquer une poignée de bonnes manières à la voisine en question. Bravo !
Passons à la suite. Le docteur Beverly Hoffstader, brillante psychanalyste de la côte Est, l'a elle-même fait remarquer : l'ingénieur Howard Wolowitz (qui n'a pas de doctorat, quelle honte !) et votre confrère, Rajesh Koothrappali, ne semblent toujours pas conscient de l'image qu'ils reflètent de leur relation personnelle. De toute évidence, il s'agit d'un couple gay qui refuse de l'admettre. D'un côté se trouve un juif de 27 ans qui n'a toujours pas coupé le cordon ombilical avec une mère possessive et qui compense son manque de virilité évident par des tentatives de séductions, toutes plus ridicules les unes que les autres (dois-je vous remettre en mémoire l'épisode du bandeau de pirate ou bien celui du déguisement gothique ?), à l'encontre de la gent féminine et qui se sont soldées par de cuisant échecs. Qu'il vive actuellement une histoire d'amour avec une jeune femme nommée Bernadette ne doit pas vous induire en erreur, le bonhomme fantasme encore en secret sur George Takei (plus connu en tant que Hikaru Sulu, timonier de l'U.S.S. Enterprise sous le commandement de James T. Kird). Et que dire alors de Rajesh "Raj" Koothrappali ? Ce pauvre (ce n'est pas un cliché  ethnique, je le plains sincèrement) hindou, également victime de parents castrateurs (son père est gynécologue après tout), est pathologiquement incapable de s'adresser à une femme à moins d'être ivre. Cet handicap parle de lui-même, il me semble.
Pour finir, évoquons le docteur Leonard Hoffstader (oui, le fils de la psychanalyste - brillante - précédemment citée), votre colocataire et plus ancien de vos amis (déjà sept ans). Il est indiscutable de conclure que son comportement à grandement changé suite à sa rencontre avec Penny et à la romance tardive mais éphémère qui s'en est suivi. Bien qu'étant le moins brillant de sa famille (vous ai-je déjà dit que sa mère est brillante ?), il lui arrivait encore jadis de penser avec son cerveau. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. C'est peut-être une impossibilité biologique mais il ne fait aucun doute que son pénis s'est substitué à son cerveau pour prendre des décisions. Je vous félicité d'avoir à de nombreuses occasions fait part de vos analyses quant à l'illogisme de ses actes, simplement motivées par l'espérance folle de bénéficier d'un (bref) coït de la part de votre blonde voisine. Je note cependant avec espoir que les intérêts culturels de ce monsieur ont pu restés plus ou moins intacts, ce qui m'amène à penser qu'il y a de l'espoir pour lui. Restez attentifs néanmoins, le couple n'est pas à l'abri d'une réconciliation malavisée.
Il s'agit là d'un entourage inhabituel pour un génie névrosé de votre statut et je vous félicite à nouveau pour avoir réussi à imposer une cohérence socio-culturelle à ce groupe modeste. Le chaos et la banalité les guettaient et vous les avez aidé à préserver leur nature d'inadaptés sociaux sous un torrent d'insultes et de troubles obsessionnelles compulsifs du meilleur effet. A ce petit jeu, vous avez battu Jack Nicholson qui, dans le film POUR LE PIRE ET POUR LE MEILLEUR, avez eu recours à une technique similaire.
Avant de conclure cette lettre (je sens déjà l'ennui poindre dans votre voix alors que vous lisez à haute voix pour empêcher Leonard et Penny de s'embrasser bruyamment sur le canapé, non loin de la place qui est la vôtre), laissez-moi glisser deux dernières remarques : d'une part, il est très difficile de vous apprécier dans la langue de Molière et je vous saurais gré de faire interdire toute traduction française de vos spirituelles interactions avec le commun des mortels. D'autre part, je tiens à vous faire remarquer que, peu importe votre mépris à mon égard qui pourrait en résulter, j'affirme ici haut et fort que STAR TREK, LE FILM (réalisé en 1979 par Robert Wise) est une réussite et ne mérite pas vos critiques incendiaires.
Respectueusement,

BAZINGA !

jeudi 16 décembre 2010

LE FILM A FUIR : SKYLINE

Si je devais me limiter à ne parler que de bonnes choses, je suis certain que la lassitude ne tarderait pas à me gagner. C'est donc pour remédier à ce spleen imminent qu'il m'est apparu nécessaire de chroniquer une bonne grosse bouse fétide comme seul Hollywood sait parfois nous en pondre. 
Et la première victime s'appelle .... (merci d'ajouter une bonne dose de violons imaginaires à la Bernard Hermann afin de créer un suspense parfaitement inutile) ... SKYLINE ! Déjà coupable d'un ALIEN VS PREDATOR : REQUIEM qui sentait l'hommage involontaire à Bruno Mattei, les frères Strause (Colin et Peter, mais on s'en fout) récidive dans la science-fiction moisie. SKYLINE raconte - ou du moins essaie un peu - comment une invasion alien massive va pousser une poignée de survivants à se terrer dans leur immeuble de luxe, ces derniers attendant le moment opportun pour pouvoir s'échapper. Le postulat de départ est limpide mais les duettistes, incapables de tenir leur sujet, vont transformer le tout en joyeux foutoir narratif. Ainsi, ils naviguent entre la romance (ratée), le survival (raté), le film catastrophe (raté) et le huis-clos tendu (raté). Mais ce qu'il y a de plus rageant en fait, c'est que les intentions premières ne sont pas mauvaises : le film est généreux en action (une attaque pétaradante tous les 1/4 d'heures ou presque), en idées folles (les aliens sont venus bouffer nos cerveaux - c'est n'importe quoi certes, mais ça change !) et en ambition (le climax tente l'approche du romantisme décomplexé mais avec ses acteurs au charisme de cucurbitacée, c'est peine perdue). Mais le talent, ou au moins le savoir-faire, pointent aux abonnés absents. Mal joué, mal écrit, mal filmé, SKYLINE embarrasse de plus en plus au fur et à mesure que les minutes défilent !
Il est temps donc que les Strause Brothers laissent tomber leurs velléités de mise en scène : ils ne sont de toute évidence pas taillés pour ça !
Une dernière chose : devinez qui a produit la "chose" ? Vous ne voyez pas ? Vraiment ? Eh ben, ... c'est Brett Ratner (les RUSH HOUR, X-MEN 3, DRAGON ROUGE, que des chefs d'oeuvres !). Si ça ne vous suffit pas pour éviter SKYLINE, tant pis pour vous (et tant pis pour moi qui suis allé le voir au cinoche, aïe !).

R.I.P. JEAN ROLLIN (1938-2010)

Après Ingrid Pitt, Irvin Kershner et Leslie Nielsen, c'est une autre personnalité du cinéma fantastique qui a choisi cette bien triste fin d'année 2010 pour nous quitter. Artisan français passionné et farouchement indépendant dans sa démarche, le réalisateur français Jean Rollin est mort hier, non sans avoir auparavant achevé un ultime long-métrage nommé LE MASQUE DE LA MEDUSE, malheureusement invisible en dehors d'une projection spéciale en avant-première à la Cinémathèque Française le 17 septembre dernier (et malheureusement, j'y étais pas) et d'un DVD distribué le jour même avec les 150 premiers exemplaires de ses ECRITS COMPLETS. 
Ses films, majoritairement consacrés au thème du vampire, tournés avec des budgets souvent anémiques, mêlaient avec un ton unique érotisme (Brigitte Lahaie et Ovidie, issues du cinéma X, ont d'ailleurs tourné sous sa direction, contribuant à l'aura sulfureuse et singulière des films de Rollin), poésie surréaliste et ambiances hypnotiques (ce qui rapproche parfois ses films de ceux de l'espagnol Jess Franco).
Son premier film complet (le précédent, L'ITINERAIRE MARIN, une collaboration avec la romancière Marguerite Duras, restera inachevé), LE VIOL DU VAMPIRE, réalisé en 1968 (et l'une des rares péloches visibles dans les salles parisiennes en plein évènements du mois de mai) est un manifeste surréaliste qui, s'il recevra un accueil glacial, annonce l'œuvre à venir : singulière mais attachante avec des titres parmi les plus évocateurs de l'histoire du cinéma fantastique hexagonale (regardez un peu plus bas et vous comprendrez).
Pour tous ceux qui voudraient tenter la découverte (et je les y encourage vivement), voici la filmographie de Jean Rollin - à noter qu'une astérisque vient signaler les films disponibles en DVD :

- 1962 - L'ITINERAIRE MARIN (incomplet)
- 1968 - LE VIOL DU VAMPIRE *
- 1969 - LA VAMPIRE NUE *
- 1970 - LE FRISSON DES VAMPIRES *
- 1971 - REQUIEM POUR UN VAMPIRE *
- 1973 - LA ROSE DE FER *
- 1974 - LES DÉMONIAQUES *
- 1975 - LEVRES DE SANG *
- 1978 - LES RAISINS DE LA MORT *
- 1979 - FASCINATION *
- 1980 - LA NUIT DES TRAQUEES *
- 1981 - FUGUES MINEURES (ou LES PAUMÉES DU PETIT MATIN)
- 1981 - LE LAC DES MORTS-VIVANTS (sous pseudonyme J.A. Lazer) *
- 1982 - LA MORTE-VIVANTE *
- 1984 - LES TROTTOIRS DE BANGKOK *
- 1985 - NE PRENDS PAS LES POULETS POUR DES PIGEONS (sous pseudonyme Michel Gentil)
- 1990 - LA GRIFFE D'HORUS (pour le petit écran)
- 1990 - A LA POURSUITE DE BARBARA 
- 1991 - PERDUES DANS NEW-YORK * (import anglais uniquement, à ma connaissance)
- 1993 - KILLING CAR *
- 1997 - LES DEUX ORPHELINES VAMPIRES *
- 2002 - LA FIANCÉE DE DRACULA *
- 2007 - LA NUIT DES HORLOGES *
- 2010 - LE MASQUE DE LA MEDUSE

Jean Rollin était également scénariste, producteur et n'hésitait pas à jouer dans ses films comme dans ceux des autres (les films de Jean-Pierre Bouyxou ou Norbert Moutier). Il a réalisé une poignée de courts-métrages (LES AMOURS JAUNES, CIEL DE CUIVRE, LES PAYS LOIN) et a écrit nouvelles, romans et essais et ... il nous manquera. 

Je tiens en passant à adresser un remerciement personnel au magazine Mad Movies grâce auquel j'ai pu connaître l'existence des films de Jean Rollin.


mercredi 15 décembre 2010

DC COMICS : LES SUPER-HEROS S'AFFICHENT

Joyeux anniversaire, DC COMICS !
La compagnie qui a vu naitre Superman, Batman, Wonder-Woman, Flash, Green Lantern ou encore Shazam a 75 ans cette année ! Une longévité exceptionnelle qui se devait d'être célébré en grande pompe. Et grâce à cette ouvrage regroupant cent couvertures parmi les plus mémorables de l'histoire de DC Comics, signées par des artistes aussi talentueux que Bob Kane (Batman), Neal Adams (Deadman, Man-bat, The Spectre) ou encore Alex Ross (Kingdom Come). Les oeuvres défilent chronologiquement, commentée avec concision et justesse par Robert Schnakenberg (historien respecté en matière de culture pop et auteur de livres sur, entre autres, Christopher Walken et William Shatner - Christopher Walken A to Z : The Man, The Movies, The Legend et The Encyclopedia Shatnerica : An A to Z Guide To The Man & His Universe que je vous recommande chaudement, au passage). Chaque travail est replacé dans son contexte (date de parution US et importance de la couverture dans l'évolution du titre auprès du grand public), toujours avec la petite anecdote qui tue et, en guise de comparatif, d'autres couvertures viennent enrichir le propos en médaillon. La sensation qui s'en dégage est celle d'une saga culturelle revisitée. Pas de nostalgie déplacée ici, mais au contraire une passion sincère et communicative. Le fan occasionnel pourra y découvrir la richesse du patrimoine de DC Comics qui ne se limite pas, loin de là, à ses seuls super-héros en collants. Western, guerre, horreur, romance, chronique adolescente au parfum très fifties, ... les genres se suivent dans un tourbillon de couleurs et de compositions audacieuses, dressant le portrait d'une boite protéiforme qui, ainsi, a su se différencier de son grand rival Marvel Comics.
Petit argument non négligeable, toutes ces couvertures sont détachables (sans difficulté et sans risques de les déchirer, c'est du beau boulot) pour pouvoir ensuite être encadrées et venir décorer vos murs immaculés avec classe !


lundi 13 décembre 2010

MACABRE (1980) - LE PREMIER FILM DE LAMBERTO BAVA

Sorti en France sous le titre BAISER MACABRE, le premier effort du fils du célèbre Mario Bava (LE MASQUE DU DEMON, SIX FEMMES POUR L'ASSASSIN, LA BAIE SANGLANTE, ...) est disponible depuis quelques temps déjà dans une très belle édition DVD sortie chez les anglais de Arrow Films. L'occasion idéale pour un retour sur cette petite friandise morbide. 
Désireux de s'émanciper (mais pas trop) de l'imposant giron paternel, Lamberto Bava signe là son premier film (d'horreur, vous l'aurez deviné - en même temps, vu le titre !) en s'inspirant sur un fait divers malsain : l'histoire d'une femme qui, dévastée par le trépas de son amant, décida de conserver la tête de celui-ci dans son réfrigérateur. Ce point de départ, propice à toutes les déviances (nécrophilie, cannibalisme forcé, infanticide, j'en passe et des meilleurs), fait tout le sel d'un métrage certes maladroit et bancal mais pourtant étrangement attachant. Dans son obstination dans la complaisance, histoire d'en donner au spectateur/voyeur pour son argent, Bava junior force le respect et parvient à faire oublier les nombreux défauts du film (interprétation carrément approximative et clownesque - l'actrice principale en fait des tonnes dans le registre de la folie domestique ! - et scénario anorexique, longues séquences de remplissage et de nudité gratuite) pour offrir un pur film d'exploitation jouissif qui s'amuse à détruire avec application l'image du bonheur familial tel que les très catholiques italiens (ou même les chrétiens américains) peuvent le concevoir. Dans MACABRE, personne n'est à l'abri de succomber à la pire folie, ni les fillettes souriantes à couettes (hilarante prestation de la gamine qui, après avoir noyé dans le bain son innocent petit frère, se lance dans un concours de sourires démoniaques à souhait), ni et surtout pas la desperate housewife en titre. Bien sûr, en insistant sur le statut de femme américaine moderne et libérée de son héroïne (en opposition aux valeurs traditionnelles), Bava pourrait nous laisser penser que son histoire se veut moralisatrice et conservatrice. Pourtant, c'est en se refusant à mettre en scène tout autre type de modèle familial qui pourrait venir en contrepoids, que le discours bien-pensant passe à la trappe et que la déliquescence s'installe pour la plus grande joie des amateurs d'horreurs diverses étalées à grands renforts de zooms avant grossièrement révélateurs (Oh ! Ah ! nous forcent t-on à nous exclamer !) et de gros plans à vocation vomitifs ! Le cinéma d'exploitation italien dans toute sa granuleuse et folle splendeur, quoi !
Alors que, sous l'impulsion de cinéphiles célèbres tels que Quentin Tarantino, toute une nouvelle génération se lance dans la découverte des bandes dites "grindhouse", il serait bien dommage de passer à côté de MACABRE !
Pour ce qui est du DVD, les petit gars de chez Arrow Films ont soigné le boulot. Jaquette réversible avec choix entre l'affiche originale et nouvel artwork maison (très joli, au passge), livret avec une inteview de Lamberto Bava, copie aussi propre que possible (malgré les nombreux scratches et rayures consécutifs à l'âge et à la rareté du titre), bande-annonce gentiment kitsch, galerie de photos amusante et - ô joie ! - un court documentaire intitulé MACABRE & THE GOLDEN AGE OF ITALIAN EXPLOITATION animé entre autres par les producteurs, Lamberto Bava en personne et même Joe Dante qui témoigne en qualité de fan, et qu'il est recommandé de visionner avant le film tant il est aide à se mettre en condition. Le tout est en anglais non sous-titré (film et bonus) mais faîtes un effort et (re)plongez dans les délices des bis italiens ! 

samedi 11 décembre 2010

DAVID FINCHER EN BLU-RAY

Format encore émergent, le blu-ray permet néanmoins de se constituer, déjà, quelques belles collections. Ainsi, une fois par mois, je tenterai de faire le point sur un cinéaste et sur l'état de sa filmographie sur le support haute-définition. 
Pour commencer cette série, j'ai choisi David Fincher. Formaliste pointilleux et audacieux, perfectionniste souvent considéré par la critique et bon nombre de cinéphiles comme le seul héritier de feu Stanley Kubrick (avec lequel il partage surtout un sens de l'ironie assez cruel quant à la nature humaine), ses films gorgés de détails se prêtent tout particulièrement à une qualité de visionnage exigeante. Drôle de paradoxe, PANIC ROOM, son film le plus spectaculaire à ce jour , est le seul à être encore inédit sur galette bleue. 
Sans plus tarder, passons les autres en revue :
1/ ALIEN 3 : le premier film de Fincher est uniquement disponible au sein du coffret Alien Anthology. La copie, très belle mais encore perfectible (ça pêche parfois un peu question définition et les noirs manquent de profondeur), comprend les deux montages. D'abord celui vu en salles, jamais approuvé par le réalisateur. Et ensuite, la version longue du coffret Quadrilogy de 2003, toujours pas approuvé par Fincher mais néanmoins plus proche de ses intentions initiales. Inutile de préciser que cette version est à privilégier avec ses storylines plus étoffés (le personnage de Golic, notamment, un prisonnier dément vénérant l'alien comme la Bête de l'Apocalypse) et son introduction moins elliptique que le montage cinéma. Aux rayons des suppléments, entre le commentaire audio (toujours pas de Fincher à l'horizon), la piste musicale isolée de Elliot Goldenthal, les galeries de photos et, surtout, un très long making-of qui revient sans détour (et sans censure cette fois-ci, contrairement à ce qui avait pu être constaté sur le DVD de 2003) tant sur la genèse du projet, que la première version que devait réaliser Vincent Ward (avec un concept très casse-gueule mais indéniablement original de planète/monastère en bois) ou encore le chaos rencontré par David Fincher lorsqu'il accepta avec une certaine candeur de reprendre les rênes du projet. Premier film, premières désillusions mais, à l'arrivée, une belle claque qui n'a pas à rougir, loin s'en faut, de la comparaison avec ses glorieux aînés signés par Ridley Scott et James Cameron. Un miracle? si on prend les comptes d'ubuesques conditions de production imposées par une major (la Fox) désorganisée, timorée et dépensière. Avec de telles bâtons dans les roues, Fincher livre un chef d'oeuvre. Mais ce n'est rien comparé à ce que le bonhomme livrera par la suite, totalement émancipé par un contrôle total sur ses projets.
2/ SE7EN : le joyaux noir de David Fincher. S'il ne devait rester qu'un seul film pour les fans du cinéaste (dont l'auteur de ces lignes fait partie, surprenant non ?), ce serait celui-là ! S'il manque toujours un making-of digne de ce nom (mais là, je pinaille), le blu-ray sortie récemment EST l'édition définitive de SE7EN. L'image et le son restituent à la perfection l'expérience traumatisante que constitue le film, sommet toujours inatteignable du film de serial-killer. Goodies anecdotique mais néanmoins appréciable, les mini-comics livrés dans le coffret blu-ray et signés de différents artistes (Tommy Castillo, Jason Craig et Lelf Jones, entres autres) reviennent en détail sur les "oeuvres" de ce taré de John Doe en se concentrant sur le déroulement de chacun des meurtres. Pour ce qui est des bonus, tout ce qui a déjà été vu et entendu sur les supports précédents est ici repris en intégralité et se révèlent dignes d'intérêt; L'alpha et l'oméga de la carrière de David Fincher continue de gagner, vision après vision, son statut de classique immortel. 
3/THE GAME : difficile de passer après SE7EN et, à tort malheureusement, THE GAME continue d'en faire les frais. Après un "collector" plutôt anémique paru il y a trois ans en DVD (mais qui bénéficiait d'une copie soignée et d'un commentaire audio instructif), le blu-ray fait un grand saut en arrière en offrant une édition vierge de suppléments et à la copie juste passable. A peine un DVD amélioré en fait. Si le complétiste ne fera pas l'impasse sur ce disque, on ne peut s'empêcher de crier au foutage de gueule pur et simple. Peu défendu par la critique (exception notoire du magazine Positif qui publia à la sortie du film une critique analytique et passionnante, mettant l'accent sur la complexité insoupçonnable de ce thriller ludique) et n'ayant pas vraiment ébranlé le box-office, ce troisième long-métrage a toujours manqué de l'attention qu'il mérite. Ironique, merveilleusement bien joué (mention à Michael Douglas dans une prestation glaciale) et moins couillon qu'il en a l'air malgré son twist final très "Surprise ! Surprise !", THE GAME est une fable réussie sur l'illusion et la vanité du pouvoir. 
4/FIGHT CLUB : comme dirait John Doe en personne, "pour que l'on vous écoute, il faut frapper à grands coups de marteaux !". Sans doute vexé par l'échec de THE GAME, David Fincher adapte le roman néo-punk de Chuck Palahniuk et livre un brûlot contestataire volontairement destiné à faire hurler les ligues de critiques  coincés du cul. Nihiliste à souhait, FIGHT CLUB dresse un portrait cynique du fantasme moderne de la révolution. L'humanité est folle, totalement irrécupérable semble t-il nous dire. Pour visionner cet ORANGE MECANIQUE revue et corrigé, il n'y a pas trente six éditions et c'est tant mieux ! Le blu-ray français, engoncé dans un nouveau packaging de très mauvais goût, a la bonne idée d'exhumer une poignée de commentaires audio jadis perdus dans la traversée de l'Atlantique pour le DVD zone 2 et d'ajouter quelques gourmandises inédites dont un amusant retour sur l'aura culte du film lors d'une cérémonie de remise de prix. Délicieux.
5/ ZODIAC : ce projet, des plus personnels (gamin, Fincher, qui vivait à San Francisco, fut témoin de l'agitation et de la paranoïa causée par les agissements du tueur du Zodiaque), est celui du renouveau. Formellement démonstratif sur FIGHT CLUB et PANIC ROOM, le cinéaste vise désormais à la simplicité. Dans le personnage de Graysmith, dessinateur pour le San Francisco Chronicle et personnalité obsessionnelle, le cinéaste se trouve un double parfait à l'écran. Tout est affaire de détails, toujours. La fresque policière est ambitieuse et la reconstitution d'un fait divers étalé sur plus de vingt ans est minutieuse. Tout comme l'image du blu-ray et ses bonus qui s'attachent à décrire la somme de travail investie. Le film, tourné en haute-déf' était destiné à ce support et se paie en outre le luxe d'être présenté dans son montage intégrale. Un director's cut plus long de six minutes environ dont l'apport le plus mémorable est un long fondu au noir, une transition sonore incroyablement subtile.
6/ L'ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON : il y a les pour et il y a les contre. Pour ma part, je suis un inconditionnel. Conte à forte teneur émotionnelle, love-story délicate et duo de stars glamour, (Cate Blanchett et Brad Pitt pour sa troisième collaboration avec le réalisateur) ... BENJAMIN BUTTON est, en apparence du moins, le film le plus ouvertement commercial, tout public et oscarisable de David Fincher. Mais les apparences sont trompeuses et ici, nulle trace de cynisme. Comme il l'explique dans une introduction filmée, Fincher entretient un rapport tout à fait intime avec le film. Touché par la mort de son père, le cinéaste transforme son histoire d'amour "forcément" bouleversante en un regard lucide et délicat sur ... la mort. En lieu et place d'une fable fantastique (technologiquement bluffante), BENJAMIN BUTTON est en réalité une longue et douloureuse oraison funèbre. Techniquement impeccable (mais on commence à avoir l'habitude), le blu-ray se distingue par un long making-of exhaustif mais un peu académique tout de même. 

Et la suite ? Si THE SOCIAL NETWORK est annoncé pour début 2011 avec un contenu encore mystérieux, PANIC ROOM joue les retardataires et n'apparaît sur aucun planning. Espérons seulement que la totalité des bonus du collector 3 disques pantagruélique sera de la partie ...

Rendez-vous le mois prochain avec ... Christopher Nolan !




mercredi 8 décembre 2010

INFERNO - Critique Blu-Ray

Enfin ! Après quelques années d'attente, INFERNO, second volet de la trilogie des Trois Mères de Dario Argento, est disponible en France sur galette numérique. La sortie est double. Il y a d'abord une série de DVD avec L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL, LE CHAT A NEUF QUEUES, INFERNO, TENEBRES et PHENOMENA, puis un triplé en haute-définition avec SUSPIRIA, INFERNO et TENEBRES; L'évènement est de taille pour les argentophiles et on peut saluer l'initiative de l'éditeur Wild Side. Petit (gros ?) bémol cependant, ces disques ne sont disponibles qu'à la Fnac en raison du partenariat d'exclusivité entre Wild Side Vidéo et la grande enseigne. Une politique un brin dommageable quand on considère que le catalogue de l'éditeur a tout autant sa place dans les petites boutiques cinéphiles forcément avides de telles raretés. Mais laissons la contestation de côté (pour le moment) et revenons à notre beau mouton : INFERNO.
Ce film tient une place tout à fait particulière dans ma mémoire de cinéphile puisqu'il s'agit du tout premier film de Dario Argento que j'ai pu voir, bien avant SUSPIRIA, lors d'une diffusion sur Canal +. Un véritable choc esthétique pour le gamin de onze ans que j'étais. Je me souviens ne pas avoir compris grand chose à l'histoire (mais celle-ci, au final, n'a qu'une importance toute relative) et avoir été fasciné par la débauche de couleurs et l'exploration en apnée par une belle demoiselle, toute de blanc vêtue, des combles inondées de l'immeuble qui tient lieu de décor principal et de protagoniste à part entière. Il y a dans INFERNO une magie et un pouvoir de fascination qui transcende les genres. Sans pouvoir alors le formuler, j'intégrais le fait que la forme pouvait réellement supplanter le fond. 
S'il y a bien un aspect sur lequel j'attendais ce blu-ray au tournant, c'est donc l'image. Et là, c'est une petite déception. La définition et la compression sont solides. La copie est nickel. Mais ce sont les couleurs qui pêchent. Le festival chromatique d'autrefois est aujourd'hui bien pâlot. L'ensemble manque de pêche, c'est une évidence. J'ai eu beau pousser la colorimétrie de mon écran à fond, rien n'y a fait. Certains passages donnent une impression de délavé. Dommage. 
La section son en revanche (avec piste DTS HD et version italienne d'origine en mono) sont pleinement satisfaisantes et immersives. Petite préférence pour la piste française mais c'est la nostalgie qui parle (j'ai beau être un ayatollah de la VO, certains films sont tellement ancrés dans ma mémoire affective que toute autre piste que la VF d'origine me gênent). La musique de Keith Emerson (du groupe Emerson, Lake & Palmer) y est parfaitement à l'honneur. 
Côté suppléments, c'est le minimum syndical. Pièce centrale, le montage d'entretiens entre Dario Argento, Romano Albani (directeur de la photographie) et Luigi Cozzi (réalisateur de STARCRASH et propriétaire de la cultissime boutique PROFONDO ROSSO à Rome, mais aussi ami et proche collaborateur d'Argento) est dense en informations quant aux intentions artistiques du projet INFERNO. Mais un tout petit quart d'heure, c'est bien trop court pour évoquer un projet aussi riche et l'on est en droit de rester sérieusement sur sa faim. Vient s'ajouter à ce mini-doc, une galerie de photos en haute-définition sur fond musical de la bande originale du film et une bande-annonce. Un peu anémique tout ça, mais vu qu'aucune autre édition n'est à prévoir dans notre beau pays, il va falloir s'en contenter ou aller chercher le saint graal à l'étranger (une édition allemande très alléchante se profilerait déjà à l'horizon !).
Coincé entre l'inégalable SUSPIRIA et le (je vais essayer un terme vaguement poli) "parodique" MOTHER OF TEARS, INFERNO est une singulière œuvre d'art, hypnotique et poétique, et qui ne pâtit que très légèrement d'un casting inégal (le héros est une belle tête à claques) et d'un scénario en free-style. Indispensable, en dépit des réserves émises sur la qualité de l'image.

THE WALKING DEAD - UNE SAGA SANS FIN ?

Aujourd'hui nous causerons bande-dessinée si vous le voulez bien ...
THE WALKING DEAD est un comic, publié depuis 2003 par Image Comics aux U.S.A. (chez Delcourt dans l'hexagone) et créé par Robert Kirkman. Au dessin, Charlie Adlard a vite succédé à Tony Moore, conservant un noir et blanc fortement contrasté, un choix chromatique qui renvoie bien sûr à LA NUIT DES MORTS-VIVANTS (1968) de George A. Romero, film fondateur du mythe moderne du mort-vivant anthropophage. 
Collant aux basques de Rick Grimes, simple policier plongé en plein apocalypse zombiesque au sortir d'un long coma et prêt à tout pour protéger sa femme, son fils et le groupe de survivants qui les accompagne de tous les dangers environnants, THE WALKING DEAD est né, de l'aveu même de Kirkman, d'une frustration. La frustration de voir une histoire s'arrêter bien trop tôt, de voir une poignée de survivants s'éloigner dans l'inconnu sans connaître la suite. La note d'intention est très claire : faire durer l'histoire de Rick aussi longtemps que possible, sans jamais lasser le lecteur.Treize tomes (12 en France) et sept ans plus tard, le pari semble remporté. Le succès est au rendez-vous et THE WALKING DEAD vient de confirmer son aura de classique moderne en émigrant avec panache sur petit écran (mais c'est une autre histoire) dans une série chaperonnée par Frank Darabont (THE MIST), Gale Ann Hurd (TERMINATOR) et ... Robert Kirkman en personne !
Le secret d'un tel engouement ? Les personnages, tout simplement. Autour de Rick, figure centrale imparfaite mais attachante, Kirkman développe une galerie de personnalités suffisamment variée et bien écrite pour s'assurer que l'identification du lecteur fonctionne à plein régime. Parmi les plus mémorables sont Glenn, un jeune asiatique casse-cou terrorisé par la solitude, Dale, un sexagénaire veuf et figure paternelle malgré lui, et Michonne, une jeune femme noire adepte du tranchage de zombie au katana et à la schizophrénie rampante. Ce ne sont que des exemples et la liste, si elle devait se montrer exhaustive, serait bien longue. Pour tous ceux qui n'ont encore jamais ouvert un seul tome de THE WALKING DEAD, je m'en voudrai de leur gâcher la découverte. Sachez seulement que le talent de Kirkman réside dans cette création permanente de personnages totalement crédibles parce que renvoyant chacun à tout un éventail de réactions humaines aussi compréhensibles qu'effrayantes. 
Que faire lorsque notre monde, lorsque notre civilisation s'écroule ? Jusqu'où sommes-nous prêt à aller pour survivre et proétger ceux que l'on aime ? Chacun des personnages, au travers de ses choix et de quelques monologues magnifiquement ciselés, apporte sa réponse à ces questions essentielles. Évidemment, peu importe leurs certitudes, tous finissent par se tromper à un moment ou à un autre avec des conséquences chaque fois un peu plus désastreuses. C'est la deuxième clé du succès de THE WALKING DEAD. Pour les amis de Rick, la survie n'est pas une garantie et les morts violentes et inattendues se succèdent avec une belle régularité. Résultat, le suspense est total et les cliffhangers sont imparables. On s'attache aux personnages et on VEUT savoir combien de temps ils parviendront à rester en vie. Et, cruauté de l'auteur oblige, plus longtemps ils survivent, plus leur humanité vacille, leur morale s'écroulant face à l'horreur de la situation et de ces actes auxquels ils sont contraints pour se protéger d'autres survivants qui n'hésitent pas à verser dans la barbarie (viol, meurtre, cannibalisme, infanticide, etc ...). La spirale de la violence semble sans fin et Robert Kirkman l'exploite dans un crescendo d'atrocités jamais gratuites mais ô combien révélatrices de la nature profonde des êtres humains en ce début de XXième siècle. Nous ne sommes que des créatures dont l'appétit pour un "ailleurs" et un "autre chose" semble aussi insatiable que douloureux. Il ne faudra que peu de temps au lecteur pour comprendre que le WALKING DEAD (littéralement le "mort qui marche" pour les anglophobes) du titre, ce ne sont pas les zombies mais bien les hommes, nous.
Et les zombies dans tout ça, au fait ? Rassurez-vous, chaque tome leur offre au minimum un morceau de bravoure gore digne des films de morts-vivants de George Romero et de Lucio Fulci. Et, cerise sur le gâteau, le papier et le talent d'un dessinateur ne coûtant pas grand chose, ceux qui rêvait de voir des hordes pourrissantes de zombies affamés défiler dans des panoramas de fin du monde seront aux anges. Autre respect à la tradition, les cadavres ambulants se déplacent ici avec une lenteur bienvenue et se divisent en deux groupes : les rôdeurs, toujours en quête de chair fraîche, et les chopeurs, toujours planqués en embuscade; Se faire piéger par un zombie dans THE WALKING DEAD a la valeur d'une mise en garde. Ne jamais se sentir en sécurité. Toujours rester alerte. Au final, Robert Kirkman ne se permet qu'une légère entorse qui, bizarrement, ne sera visible que dans le premier tome. Non content de s'attaquer aux humains, les morts-vivants sont ici prêt à dévorer de la chair animale (un cheval et un cerf en l'occurrence). Personnellement, je ne peux qu'être satisfait que cette touche d'originalité assez déplacée (balancer du gibier aux zombies suffirait alors à les éloigner le temps de s'en sortir - pas très malin si on veut créer du suspense) soit restée lettre morte par la suite. 

Les mots s'empilent et je me rends compte que je n'ai pas encore abordé l'aspect graphique de THE WALKING DEAD. Honte à moi ! Parlons tout d'abord de Tony Moore (BATTLE POPE - déjà avec Robert Kirkman ! - et FEAR AGENT). Tout fan de la série lui est redevable d'avoir mis en place la charte visuelle qui, malgré le changement de dessinateur un peu plus tard, ne sera pas vraiment perturbée. Un noir et blanc joliment contrasté et réaliste, naturaliste presque (on est loin d'un SIN CITY par exemple), un certain dépouillement dans les décors afin de garder les protagonistes au centre de toutes les attentions et des cadres dont l'immobilité parfois pesante change radicalement du tout venant de la production américaine. Il est ainsi fréquent de voir des successions de cases fixes, un procédé simple mais efficace pour marquer le temps qui passe et forcer le lecteur à ralentir son rythme. La principale caractéristique du style de Moore reste son travail sur la lumière et les visages. Lumière douce et hyper-esthétique dans les scènes de nuit et visages très expressifs et détaillés. Un trait chiadé. Dès l'épilogue du Tome 1, Charlie Adlard, dont le style est à rapprocher de celui d'un Mignola (HELLBOY) avec ses zones d'ombres plus marqués (et nettement plus flippantes dans les apparitions surprises de zombies planqués dans le décor) et ses visages un peu plus carrés, offre une transition en douceur mais indiscutable. A dire vrai, le changement est même salutaire avec le recul  tant le trait dur et cassant de Adlard s'accorde à merveille à l'odyssée cruelle de Rick Grimes telle que l'imagine mois après mois Robert Kirkman. Moore a créé l'imagerie, mais Adlard, plus important encore, l'a pérennisé. Inoubliable.

Vers quels horizons se dirige aujourd'hui THE WALKING DEAD ? A en croire les dernières pages du tome 12 (désolé, j'ai pas encore lu le 13 !!), vers un renversement des valeurs subtilement mis en place. Le danger, si souvent venu de l'extérieur pour Rick (les zombies et les autres) semble désormais surgir de sa propre initiative. Devenu paranoïaque, le personnage est sur le point de basculer et de prendre les armes, compromettant ainsi une sécurité (vraiment ?) retrouvée. Le twist, hautement psychologique, est de taille et promet de relancer l'histoire pour un long moment. Mais c'est un jeu dangereux que Robert Kirkman joue, plus il tarde à offrir un dénouement à sa saga, plus le risque, la certitude même, de décevoir s'impose. Sans fin THE WALKING DEAD ? Il faudra pourtant s'y résoudre un jour où l'autre .... 

mardi 7 décembre 2010

Erratum sur l'article TRON LEGACY

Pour le nom du réalisateur de TRON LEGACY, il faut lire Joseph Kosinski et non Kosar. Une erreur qui est passée entre les mailles du filet de la relecture. Mes plus plates excuses !

TRON LEGACY - LA BANDE ORIGINALE

Engager le binôme français de Daft Punk pour composer la musique de TRON LEGACY, suite tardive et attendue de l'ovni 80's de Steven Lisberger, avait de quoi intriguer. C'est ceratin, le choix du réalisateur Joseph Kosar, à défaut d'être osé (finalement, qui n'aime pas Daft Punk ?), s'est avéré surprenant pour un blockbuster de cette magnitude. Les premiers extraits entendus sur le net pouvait rassurer (notamment Derezzed) les fans du groupe : c'est de l'electro, ça sonne comme du Daft Punk ! 
Presque deux mois avant la sortie du film, le CD est dans les bacs et le verdict peut-être rendu. Ceux qui se souviennent avec nostalgie de la partition électronique et minimaliste de Wendy Carlos pour le premier film ne vont pas en revenir. Daft Punk, loin de céder à la facilité du tout électro, signe une partition à l'ampleur insoupçonnable, une symbiose totale entre un symphonique massif et une rythmique moderne qui balaie tout sur son passage. C'est épique, c'est rythmé, c'est gorgé de références aux grands noms de la musique de film (Shore, Poledouris, , Vangelis, Goldsmith et Carpenter sont cités avec amour) et ça fait du bien aux oreilles ! 
Un petit descriptif, morceau par morceau, s'impose :
[NB : je n'ai pas vu le film et je ne réagis qu'à ce que la musique et le synopsis connu du film m'évoquent. Ceux qui craignent un abus de spoilers peuvent lire sans crainte, je ne pense pas révéler trop de choses.]
1/Overture : Là, c'est du Howard Shore pur jus. Pas l'ombre d'un synthé dans cette courte introduction symphonique. Atmosphérique et remplie d'émotion, la musique place d'emblée les relations père/fils au coeur de l'histoire. Stylistiquement, on pense à PANIC ROOM, COPLAND et LA MOUCHE; On a connu pires références musicales. L'emploi des cuivres en impose et le thème principal se dégage.
2/The Grid : Daft Punk doit connaître le CD de la musique de BLADE RUNNER par coeur. Dans une ambiance à la Vangelis, la voix de Jeff Bridges nous invite à la découverte de l'univers de TRON. Tout est possible se dit-on. Et on a pas tort. Le thème principal se pare ici de ses atours électroniques.
3/The Son of Flynn : Une boucle synthétique qui s'enrichit d'une dimension émotionnelle subtil. On pense ici à ... Goblin de Claudio Simonetti mais aussi à Giorgo Moroder.
4/ Recognizer : L'équilibre entre le symphonique et l'électronique est totale, comme à la bonne vieille époque d'un Jerry Goldsmith (STAR TREK ou POLTERGEIST II) et on entre de plein pied dans le monde virtuel créé par le personnage/démiurge de Jeff Bridges. Sous la fascination, l'orchestre fait apparaître une menace à l'ampleur écrasante.
5/Armory : Un morceau de transition, qui convoque cette fois-ci le spectre de John Carpenter période NEW YORK 1997. Les influences des années 80 sont ici parfaitement digérées.
6/Arena : Parfaitement raccord avec ce qui a précédé. Les jeux du cirque version TRON versent dans l'électronique old school. NEW YORK 1997 est à nouveau abondamment cité.
7/Rinzler : La section rythmique nous happe au coeur d'un duel. La mécanique de l'univers de TRON joue les rouleaux compresseurs. 
8/The Game has changed : Dans la droite ligne des trois précédents morceaux. Toute la menace de la tyrannie imposée par Clu (joué par un Jeff Bridges rajeuni de vingt ans par ordinateur) affronte le vent de rébellion soufflé par le jeune Flynn, illustré par des boucles de violons qui refusent de disparaître sous les coups de boutoirs de percussions synthétiques. Tout un programme et une vraie note d'intention.
9/Outlands : Sans conteste le morceau le plus mémorable de l'album. Véritable tour de force lyrique et symphonique, c'est une invitation à l'aventure, exaltant au possible. Basil Poledouris et son CONAN LE BARBARE, chef d'œuvre intemporel de la musique de film, trouve un écho inattendu et soufflant de précision.
10/Adagio For Tron : Le titre est on ne peut plus éloquent. C'est aussi le plus long depuis le début de l'album. La place accordée à l'émotion et à la sensibilité constitue une douce surprise dans le monde généralement aseptisé du blockbuster sauce numérique. Violons et violoncelles dominent avec une belle intensité.
11/Nocturne : Un romantisme à fendre les cœurs les plus endurcis. Après une ouverture, un adagio et une nocturne, les ambitions de Daft Punk sont indiscutables : créer une symphonie, une vraie ! Pari réussi !
12/End Of Line : Le style Daft Punk reprend ses droits un court instant. Avec ses sonorités 8-bit qui jouent les troubles-fête, il s'agit là du seul hommage réel à la partition de Wendy Carlos pour le TRON original.
13/Derezzed : Daft Punk livre son idée d'une musique de film d'action. Le symphonique s'efface provisoirement au profit d'un morceau de bravoure électronique virevoltant et agressif. Une transgression réjouissante qui colle une banane de tous les diables et qui s'arrête... sans crier gare !
14/Fall : Quelle puissance ! Une chute inéxorable et un orchestre poussé à jouer très fort ! Dommage que ce soit si court ...
15/Solar Sailer : Le voilier solaire est une autre référence au film précédent. Fermez les yeux, on jurerait entendre une partition pour un film de Michael Mann. Morceau à forte teneur hypnotique !
16/Rectifier : Le dénouement approche. Gustav Holst et son "Mars, dieu la guerre" est une référence évidente. L'orchestre prend en puissance. Un crescendo belliqueux imparable.
17/Disc Wars : Que la guerre et le chaos règnent ! L'affrontement prend une tournure mythologique alors que les deux fils d'un dieu vont se disputer le contrôle de tout un univers ! Le Clint Mansell de THE FOUNTAIN et le James Newton Howard de INCASSABLE sont cités avec justesse. Les boucles synthétiques sont de toute beauté. 
18/C.L.U. ; Autrefois héros, aujourd'hui tyran, C.L.U. est l'une des plus belles promesses narratives de TRON LEGACY. Comment transformer un personnage positif en ennemi redoutable ? Réponse (partielle) en musique ! Boucles de violons, percussions atomiques et intrusions de sonorités synthétique à la John Carpenter s'entrechoquent pour donner à ce personnage emblématique une carrure proprement inimaginable.
19/Arrival  : Après l'action, l'émotion reprend ses droits. Evocation à peine masquée du fameux Tears in Rain de Vangelis pour BLADE RUNNER, Daft Punk laisse sous-entendre une résolution de l'intrigue plus spirituelle que physque.
20/Flynn Lives : Une résurrection ? Les nappes mélodiques semblent émerger du néant et grandissent vagues après vagues. A nouveau, Howard Shore (et en particulier son travail sur LE RETOUR DU ROI) ne sont pas très loin. Epique à souhait !
21/Tron Legacy (End Titles) : Les spectateurs quitteront la salle sur une relecture synthétique et entraînante du thème principal. Daft Punk fait du Daft Punk dans ce qui est probablement le morceau le plus faible de tout l'album. Une façon d'apaiser les esprits et de répondre aux attentes ? Attention, ça reste tout de même du haut de gamme, hein !
22/Finale : Une symphonie ne saurait être une symphonie réussie sans un finale adéquat. L'orchestration, noble et pourvue d'une vraie puissance héraldique, réaffirme la teneur émotionnelle, chevaleresque, épique et mythologie de l'histoire qui nous a été contée ! Les gladiateurs virtuels de TRON s'imposent comme les légataires d'une certaine tradition héroïque. L'ancien et le nouveau fusionnent. 
Voilà, le disque est terminé ! L'achat, pour tout fanatique de musique de film, est obligatoire. Les admirateurs de Daft Punk seront surpris à plus d'un moment, mais il s'agirait pour ces derniers de na pas louper ce qui, pour le duo vedette de la scène électro, sonne avant tout comme un vibrant plaidoyer pour la réconciliation entre le symphonique et l'électronique. C'est un vrai chef d'oeuvre et, croyez-moi, le terme est loin d'être employé à la légère !
Reste maintenant à découvrir le résultat en salles, couplé aux puissantes images que nous promettent une série de bandes-annonces alléchantes ! Rendez-vous est pris pour le mois de février et une critique du film (à chaud, forcément !).

lundi 6 décembre 2010

MARS ATTACKS ! - Critique Blu-Ray

Quel bonheur de revoir l'un des fleurons de la filmographie de Tim Burton en haute-déifnition ! Sorti en 1997, comme une réponse en forme de bras d'honneur à l'ultra-patriotique et débile INDEPENDENCE DAY (carton au box-office mondial l'année précédente, allez savoir pourquoi ...), cette farce colorée et corrosive qui dépeint une invasion martienne destructrice se rappelle à la mémoire des fans par le biais d'une copie éclatante de beauté, de précision et de couleurs retranscrites avec panache.
Hélas, au rayon des suppléments, c'est le désert du Nevada ! Que dalle ! Nada ! L'antique DVD bénéficia jadis de la piste musicale isolée et de notes de productions. C'était déjà bien peu et l'on pouvait au moins s'attendre à les retrouver sur cette galette, mais l'éditeur Warner Home Video a malheureusement préféré faire l'impasse. On peut donc toujours rêver d'une future réédition avec bonus mais, soyons réalistes, c'est peu probable.
Conclusion : s'il s'agit là des meilleures conditions possibles pour visionner le film (j'insiste sur ce point, le rendu vidéo est saisissant !), les possesseurs de l'édition DVD peuvent garder leur disque afin de profiter du score de Danny Elfman en piste son indépendante. Pour les autres, jetez-vous sur le Blu-Ray, et procurez-vous le hors-série Mad Movies sur Tim Burton accompagné de la réédition CD de la musique du film éditée il y a peu par Atlantic Classics en guise de suppléments indispensables ! Vous êtes prévenus !

IL ETAIT UNE FOIS ...

Un fan, un geek, c'est que je suis ... films, comic books , mangas, bandes originales de films et livres sur le cinéma alimentent ma passion depuis toujours. Et une passion, c'est fait pour se partager (n'est-ce-pas ?) sur le web si possible et avec le plus grand nombre de personnes.
Je lance mon blog ce soir, par une nuit froide (Brrrr !!!). Je vais pas mal tâtonner au début donc toute critique (constructive) sera la bienvenue.
Le principe de mon blog sera le suivant : présenter un sujet par jour (qu'il s'agisse d'un film, d'une bd, etc ... pour vous dire ce que j'en pense et pourquoi j'ai eu envie d'en parler.
Allez, 1 ... 2 ... 3 ... GO !!!!