jeudi 28 juillet 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #87 - MISSISSIPPI BURNING

Réalisé par Alan Parker - Sortie US le 9 décembre 1988.
Scénario : Chris Gerolmo et Frederick Zollo.
Musique : Trevor Jones.
Directeur de la photographie : Peter Biziou.
Avec Gene Hackman (Agent Rupert Anderson), Willem Dafoe (Agent Alan Ward), Frances McDormand (Mrs. Pell), Brad Dourif (Deputy Clinton Pell), R. Lee Ermey (Mayor Tilman), Michael Rooker (Frank Bailey), ...
Durée : 128 mn.

1964, Mississippi. Trois militants des Droits Civils sont assassinés par des membres du Ku Klux Klan après avoir été forcé de se détourner de leur route. Deux agents du FBI sont envoyés sur place pour mener l'enquête ...


Basé sur des faits réels, MISSISSIPPI BURNING évoque l'une des pages les plus sombres de l'histoire américaine récente. Bien plus que de racisme, le film d'Alan Parker traite de la haine sous toutes ses formes, s'attachant à nous la faire ressentir plutôt que de l'analyser froidement ou consciencieusement. Il a été reproché au film lors de sa sortie de "pervertir" les faits pour alimenter la fiction et imposer un traitement plus hollywoodien. Critique stupide dans la mesure où Alan Parker n'a jamais eu l'intention de livrer un documentaire.


Empruntant au buddy-movie (le tandem que tout oppose formé par Gene Hackman et Willem Dafoe) et au polar hard-boiled, MISSISSIPPI BURNING évite la plupart des pièges du film à message. Aux longs discours sentencieux, Alan Parker préfère un montage rythmé et une ambiance poisseuse, étouffante qui plonge la plupart des protagonistes dans une colère constante. La narration avance ainsi aux sons des pulsations violentes du score de Trevor Jones. La viscéralité des situations est privilégiée. Même le prêche central qui fait basculer l'enquête vers le film de vengeance est soumis à ce principe. Il n'est plus question de paix ou de compréhension mais d'un cri de colère, de ralliement, de guerre. 


Le comportement des deux personnages principaux et leur évolution sert de point de repère pour le spectateur. Gene Hackman est le vieux loup désabusé, parfaitement conscient du racisme qui pourrit le cœur du Mississippi et Willem Dafoe est l'idéaliste qui cherche à résoudre l'affaire dans le calme, sans manquer d'arrondir les angles avec tout le monde. Ces deux comportements ne mènent à rien. C'est la conclusion de la première moitié du film. Rendre coup pour coup, déclarer la guerre à l'intolérance et se salir les mains, voilà la tactique qui va souder les deux partenaires. Le racisme ne se combat pas à coups de belles paroles ou en l'ignorant. Pour donner du poids à ce basculement, le cinéaste ne recule pas devant la violence des situations et cadre la souffrance dans le regard des victimes. 


S'il manque peut-être de subtilité (les rôles des membres du Klan ont été confiés à des "gueules" patibulaires), MISSISSIPPI BURNING atteint tous les objectifs qu'il se fixe. Livrer au public un pamphlet qui noue les tripes et fasse battre le cœur au lieu d'endormir ou d'émouvoir platement.
 

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