mercredi 27 juillet 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #86 - RAIN MAN

Réalisé par Barry Levinson - Sortie US le 16 décembre 1988.
Scénario : Barry Morrow et Ronald Bass.
Musique : Hans Zimmer.
Directeur de la photographie : Hans Zimmer.
Avec Tom Cruise (Charlie Babbitt), Dustin Hoffman (Raymond Babbitt), Valeria Golino (Susanna), Jerry Molen (Dr Bruner), Jack Murdoch (John Mooney), ...
Durée : 133 mn.
Un vendeur de voitures de collection ambitieux et dynamique apprend la mort de son père avec qui il était brouillé depuis des années. Alors qu'il s'attend, en tant que fils unique, à recevoir un bel héritage, une somme d'argent considérable lui passe sous le nez au profit d'un institut médical. C'est dans cet institut que vit son grand frère, un autiste savant dont il ignorait jusqu'alors l'existence, ....


Vampirisé par la performance "spectaculaire" de Dustin Hoffman en autiste imprévisible et géniale, le superbe conte moral de Barry Levinson nécessite plus d'une vision pour révéler ses véritables atouts. Parce que l'histoire qui nous est ici racontée n'est pas celle de Ray Babbitt (alias "Rain Man") mais bien celle de son jeune frère Charlie, incarné par Tom Cruise. Enfermé dans une routine figée à tout jamais, Ray ne change pas d'un iota de tout le film. C'est à son contact que les autres changent. C'est à son contact que son frère réalise ses erreurs et empruntent, enfin, une nouvelle voie. 


A l'instar du WALL STREET d'Oliver Stone, RAIN MAN met le système ultra-matérialiste des années Reagan en échec, sans employer le même ton virulent. La narration en forme de road-movie libère le film du symbole du centre financier new-yorkais pour englober la totalité du pays. Jeune loup sans états d'âme, obsédés par ses objectifs (faire de l'argent, beaucoup d'argent) et se comportant comme un morveux pourri gâté, Charlie est le symbole de l'Amérique moderne. Une Amérique qui ne supporte pas la défaite et préfère attribuer ses malheurs à des élites sans visages (ici, un père que nous ne verrons jamais). Barry Levinson épingle cette attitude, tantôt avec un humour candide, tantôt avec amertume. Étapes par étapes, les plans de Charlie vont tous échoue, lui faisant comprendre, par l'échec, des valeurs humaines que sa colère lui avait fait oublier au fil des ans. Il perd des millions de dollars mais retrouve un frère. Pour faire passer son message, Barry Levinson se permet donc de transformer en victoire émotionnelle et morale son absence de happy-end. Ce qui est on ne peut plus gonflé et brillant qu'on ne pourrait le croire. C'est parce que RAIN MAN finit mal ... qu'il finit bien !


Tout en nuances et en retenue, le jeu de Tom Cruise se révèle bien plus intéressant et fascinant que celui de Dustin Hoffman. Hoffman génère les rires, la tension et l'émotion. Cruise absorbe et retransmet toutes ces émotions au public, une tâche autrement plus délicate. Sous la direction de Levinson, Cruise remet en jeu son image de jeune premier propre sur lui. Sous le séducteur, le looser. Impensable également de passer sous silence la prestation de Valeria Golino, radieuse et sensuelle.


Visuellement soignée, emporté par les rythmes impeccable de la musique de Hans Zimmer (compositeur allemand dont il s'agit là du premier coup d'éclat), RAIN MAN vaut bien mieux que sa réputation de brouettes à oscar consensuelle. Qu'on se le dise.

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